A droite, le refus obstiné de libérer les moyens nécessaires à la flexibilisation de l’âge de la retraite. A gauche, la volonté d’abaisser l’âge de la retraite. Résultat: un blocage de moins en moins supportable.
Mai 2004: le peuple rejette sèchement la 11ème révision de l’AVS: comment approuver un projet qui pénalise la retraite anticipée des moins bien lotis, augmente l’âge de la retraite des femmes, péjore la situation du conjoint survivant et freine l’adaptation des rentes au renchérissement? Depuis, le Parlement n’a pas avancé sur le dossier de la retraite flexible, malgré les promesses faites pour assurer le succès de la 10ème révision.
Novembre 2008: le peuple refuse nettement la proposition des syndicats et de la gauche d’ouvrir largement le droit à une pleine retraite dès 62 ans. Une proposition généreuse dont n’auraient pourtant pas profité les bas revenus auxquels elle prétendait s’adresser: pour ces catégories de salariés, la rente AVS, augmentée d’une maigre rente de prévoyance professionnelle amputée, ne suffit pas pour vivre décemment.
Maintenant que les deux camps ont paradé en vain, il est temps qu’ils recherchent une solution impliquant des concessions mutuelles. L’enjeu est multiple: trouver un modèle de retraite flexible; créer des conditions de travail favorables à l’emploi des seniors; assurer à l’AVS des bases financières solides, de manière à ce que les futurs bénéficiaires puissent croire raisonnablement qu’ils en profiteront aussi.
Pour être acceptable, cette solution doit respecter l’équité entre les générations. Elle doit également répondre à une exigence de justice: celles et ceux qui ont accompli un travail pénible, et dont l’espérance de vie s’en trouve statistiquement abrégée, ont droit à une retraite précoce. Enfin elle ne peut ignorer la réalité démographique, à savoir le vieillissement de la population. Des modèles existent qui tiennent compte de ces paramètres. L’Office fédéral des assurances sociales en a fait étudier plusieurs dont le législateur helvétique pourrait s’inspirer. On retiendra en particulier la mise en place de mécanismes auto-adaptatifs adoptés par la Suède et qui dépolitisent les décisions dépendantes de l’évolution incertaine de l’économie et de la démographie. Mais surtout la recherche d’un équilibre entre mesures d’économies et ressources nouvelles, équilibre qui permet de donner satisfaction partielle à chaque camp. Tout le contraire des coups de force et du tout ou rien pratiqués jusqu’à présent.
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