D’août 2007 à juillet 2008, le prix du baril de pétrole a passé de 71 à 140 $ le baril. Une augmentation si forte que les taxes d’incitation visant à l’économie d’énergie paraissent superflues: «le marché va à lui seul influencer le comportement des consommateurs», un pronostic qui semble alors d’autant plus sûr que la tendance à la hausse paraît irréversible. Aujourd’hui pourtant le baril se négocie à moins de 60 $.
Cette évolution en dents de scie du prix du pétrole rend difficile un comportement économiquement rationnel. Un investissement consenti pour économiser l’énergie dans un contexte de forte hausse du prix du pétrole peut se révéler soudain très coûteux lorsque ce prix chute. Par ailleurs la diffusion à plus grande échelle des capteurs solaires ou l’acquisition de véhicules peu gourmands en énergie se trouve freinée dans un tel climat d’incertitude.
Le journaliste Hanspeter Guggenbühl, spécialiste du dossier énergétique, propose de lisser le prix du pétrole au moyen d’une taxe variable (Basler Zeitung, 22.10.2008). Il prend comme référence un prix légèrement inférieur au prix moyen du pétrole durant les douze derniers mois: 70 centimes le litre. Pour tenir compte de la raréfaction future de l’offre et du changement climatique, ce prix est augmenté d’une taxe de 5% par an dès 2009. Le même mécanisme devrait s’appliquer aux énergies non renouvelables tels que le gaz, le charbon et le nucléaire. Si le prix du marché augmente plus que celui prévu par ce système de taxation, la taxe est suspendue. Par contre la taxe est réintroduite dès que le prix du marché descend en dessous de l’évolution prévue, de manière à combler la différence entre prix du baril sur le marché libre et prix résultant de l’évolution annuelle décidée. Ce système de taxation n’alourdirait pas la charge fiscale puisque son produit serait redistribué aux ménages et aux entreprises.
Ce compromis entre une simple taxe d’incitation et le marché, en rendant transparent et prévisible l’augmentation du prix de l’énergie, donnerait un signal clair aux investisseurs et atténuerait le choc dû aux variations brusques de prix.
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