Les réactions furent vives lorsqu’en août dernier, les électriciens firent connaître leurs tarifs pour 2009. Organisations de consommateurs, industriels, politiciens et même Economiesuisse protestèrent en chœur. Le conseiller fédéral Leuenberger a convoqué les coupables. Les commissions parlementaires ont préparé la riposte légale qui devrait prendre forme lors de la session d’hiver.
Dans la jungle des prix annoncés, il est difficile d’y voir clair. Pourquoi les Services industriels du canton de Zurich gèlent-ils leurs tarifs, alors qu’un ménage bâlois verra sa facture grimper de 45%? La Commission fédérale de l’électricité (ElCom), l’organe de régulation du marché aura fort à faire à examiner d’ici la fin de l’année plus de 1000 plaintes de particuliers, d’entreprises et de distributeurs locaux.
Le 1er janvier 2009, la libéralisation du marché permettra aux gros consommateurs de choisir leurs fournisseurs. Cette liberté devrait être accordée aux moins voraces et aux ménages dès 2011. Les adversaires de la libéralisation ont immédiatement pointé le coupable des hausses annoncées: l’ouverture du marché. Mais voilà, ce marché n’existe pas. Rares sont les gros consommateurs qui envisagent d’abandonner leur fournisseur actuel, à savoir l’entreprise qui détenait jusqu’à présent le monopole de la distribution. La raison en est simple. L’ordonnance sur le marché de l’électricité impose que l’électricité soit vendue au coût de production, et non au prix du marché, beaucoup plus élevé. En comparaison européenne, le prix de l’électricité helvétique est avantageux car les installations de production sont largement amorties. Du coup les nouveaux opérateurs qui désirent profiter de la libéralisation mais qui s’approvisionnent sur le marché européen ne sont pas concurrentiels. L’ouverture du marché n’est qu’une fiction.
Les coûts de production de l’électricité ne représentent qu’un tiers du prix payé par le consommateur. Les augmentations annoncées résultent essentiellement du renchérissement du coût du transport et de la distribution et des impôts et taxes. Des coûts exagérés selon Rudolf Strahm, l’ancien Monsieur Prix, et dont l’ElCom devra examiner le bien-fondé. Dans le collimateur: Swissgrid, la société aux mains des grands groupes électriques suisses qui gère le réseau à haute tension. Et les collectivités cantonales et communales qui contrôlent 85% du marché et perçoivent de substantiels dividendes et taxes.
Pourtant cette augmentation importante du prix de l’électricité présente un avantage décisif. En l’absence d’une politique efficace d’économies, le prix constitue un levier susceptible de modifier les comportements aussi bien des particuliers que des entreprises.
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