En 2002, un groupe de jeunes s’opposent à un projet immobilier qui aurait effacé la trace d’un lieu inscrit dans tous les guides culturels et littéraires de Zurich: le Cabaret Voltaire, installé en 1916 d’abord dans une maison de la vieille ville. Enseigne marquante de l’histoire de l’art, puisqu’elle vit la naissance et les premières provocations du mouvement dadaïste, promis à un grand rayonnement dans toute l’Europe dès la fin de la guerre.
En 2004, grâce aux efforts conjugués du maire de Zurich, Elmar Ledergerber, et notamment de Nicolas Hayek junior, le Cabaret Voltaire reprenait vie, avec café-bar, espaces d’expositions, bibliothèque spécialisée et l’inévitable shop attenant à tout musée. La «Maison Dada» poursuit un beau travail de mémoire et d’animation, dans l’esprit ludique et anticonformiste des amis de Tristan Tzara, Sophie Tauber et Hans Arp. Bien sûr, les initiatives prises par le directeur Philipp Meier et son équipe n’ont pas fonction de plaire à tout le monde. Ainsi, les cours pour apprentis-sprayeurs et la vente fictive de «morceaux» de la métropole zurichoise ont particulièrement énervé la droite conservatrice des bords de la Limmat.
Au début de 2008, le parlement de la Ville décidait de continuer à payer, pendant trois ans dès le printemps dernier, le loyer du Cabaret Voltaire, dont les dépenses sont par ailleurs couvertes par ses recettes propres, par la loterie cantonale et le sponsoring privé. Jugeant que les «artistes expérimentaux» pourraient tout aussi bien poursuivre leurs provocations sans recourir aux deniers publics, l’Union démocratique du centre (UDC) a lancé un référendum contre le crédit de 945’000 francs sur trois ans.
Le résultat de la votation du 28 septembre est clair et sans appel: à presque deux contre un, les citoyens ont confirmé la décision de leurs élus et assuré du même coup la survie du Cabaret Voltaire, auquel les Zurichois se révèlent davantage attachés que beaucoup le croyaient.
De manière générale, on peut observer, une fois de plus, que les propositions de financement de projets culturels rencontrent une certaine faveur en votation populaire – et cela pour les crédits d’investissement comme pour les subventions de fonctionnement. De bon augure pour des échéances à venir, à commencer par la votation du 30 novembre prochain sur le modeste crédit d’étude pour le futur Musée cantonal des beaux-arts à Bellerive/Lausanne? Sans doute, encore que, pour les objets culturels, les citoyens, plutôt compréhensifs quand il s’agit de financement, se montrent parfois moins ouverts en matière d’architecture.
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