Il est l’un des derniers à entreprendre de réviser totalement sa Constitution. Et pourtant le canton de Genève vit avec une charte fondamentale datant de 1847, la plus ancienne du pays. Le texte a pris des rides – certains de ses articles ne correspondent tout simplement plus à la réalité – et de l’embonpoint – nombre de dispositions traitent de questions de détails ou développent des programmes politiques qui relèvent plutôt du discours d’ouverture d’une législature. Genève montre une prédilection pour la déclamation et aime à graver dans le marbre constitutionnel aussi bien ses états d’âme que ses soucis domestiques. Avec l’effet pervers que le moindre changement de cap comme de détail nécessite une votation populaire, quand bien même l’objet n’est pas contesté.
Pourtant ce ne sont ni les rides ni l’embonpoint qui justifient d’abord cet exercice. Point n’est besoin d’être un fin observateur de la vie politique genevoise pour diagnostiquer une série de blocages préjudiciables au canton : entre Genève et sa région, entre la Ville et le canton, entre le gouvernement et le parlement, entre les autorités et la population les relations sont souvent tumultueuses et sources d’inaction. Or une Constitution c’est le mode d’emploi, les règles du jeu qui définissent les rapports entre les organes de l’Etat, entre l’Etat et les citoyens et la population en général. C’est donc dans ces domaines qu’il faudra faire preuve d’imagination et de courage pour tailler un nouveau costume institutionnel au canton, c’est-à-dire créer les conditions favorables à la prise des décisions collectives.
En octobre prochain, le peuple désignera 80 constituants parmi 530 candidats présentés sur pas moins de dix-huit listes, parmi lesquelles de nombreux groupes d’intérêt – milieux économiques, propriétaires de villas, l’AVIVO notamment -. Le risque est grand que cette représentation hétéroclite, appuyée par une extrême gauche opposée à tout changement, nous serve un projet en forme d’addition de politiques publiques gravées dans le marbre constitutionnel. Alors que Genève a besoin d’un texte qui clarifie les responsabilités respectives des organes de l’Etat et réorganise son territoire. De manière à ce que, sur cette base, puisse se développer des politiques efficaces, c’est-à-dire évolutives pour répondre aux besoins changeants de la région.
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