Vendredi 13 juin, la délégation du Conseil d’Etat genevois en charge du projet «Praille-Acacias-Vernets» tenait conférence de presse pour exposer les nouvelles conditions de mise en œuvre d’un projet «en pause» depuis plusieurs mois.
Une réorientation discrète, sinon floue, du programme qui prévoit toujours 40’000 emplois plus qualifiés que les 20’000 actuels et au moins 6’000 logements, ou même 9’000 dont, et c’est nouveau, 1’000 logements d’utilité publique. Un programme qui accentue le déséquilibre entre emplois et logements, alors que le canton de Genève recèle déjà trois quarts des emplois de la métropole franco-valdo-genevoise (DP 1779). Un programme qui aggravera les problèmes chroniques de circulation. La délégation gouvernementale reste très discrète sur le maintien de la maîtrise publique des terrains qui passeront de la zone industrielle à la zone de développement.
La réorientation organisationnelle du projet fleure bon la reprise en mains. Le groupe de hauts fonctionnaires qui avait repris la barre après la démission surprise du banquier-chef-de-projet Benoît Genecand en avril dernier reste en place, en attendant la nomination d’une grosse équipe de direction: un chef de projet, son assistant, un urbaniste-paysagiste, un architecte-urbaniste, un ingénieur-mobilité, un ingénieur-civil, un ingénieur-environnement, un économiste et un chargé de communication. De plus, un groupe de pilotage comprenant deux conseillers d’Etat et un représentant des exécutifs des communes de Carouge, Genève et Lancy, ainsi que le futur chef de projet, sera constitué.
Jusqu’à présent la conception du nouveau quartier a été conçu dans une relative confidentialité voulue par le conseiller d’Etat Robert Cramer, en charge du pilotage initial, et qui a poussé le ridicule jusqu’à décréter l’embargo sur les projets non retenus dans le cadre du concours. Maintenant la réorientation s’affiche sur le thème de la concertation et de la participation. Mais le fossé est large entre la participation-alibi et l’insertion réelle des habitants… et des conflits dans le projet. Le Conseil d’Etat et ses hauts fonctionnaires doivent savoir qu’un courant de pensée important en architecture et en urbanisme pratique le work in progress, ce qui signifie que la manière de conduire un projet est aussi importante que le projet lui-même. Un des fondateurs de ce courant, Giancarlo de Carlo (1919-2005), était l’une des autorités morales de l’architecture italienne dont il a accompagné l’histoire pendant plus d’un demi-siècle comme constructeur, enseignant, théoricien et militant.
Reste à espérer que cette réorientation s’inscrira dans cette perspective afin d’éclaircir les zones d’ombre qui subsistent aussi bien sur le programme du projet, l’avenir des terrains à bâtir appartenant à l’Etat et la forme du cadre bâti.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!