Or ce débat est stérile tant que l’implantation du Musée n’a pas été analysée jusqu’à ses dernières conséquences, dans un périmètre élargi. Car cette mise à plus grande échelle est encore possible. Elle dépend prioritairement de la Ville de Lausanne. On ne votera, si le référendum aboutit, qu’en novembre et, d’autre part, ne sera décidé que l’octroi d’un crédit pour financer «les études du projet définitif». Les délais sont donc suffisants pour afficher les intentions, qui donneraient un sens urbanistique au choix du site.
Les piétons-promeneurs sacrifiés
Une volonté constante du législateur et des municipalités est de rendre accessible à tous les rives du lac. Entre Ouchy et Pully, il fallut beaucoup de patience, de persévérance, pour imposer ce droit de passage aux propriétaires privés dont le terrain était dévalorisé.
Mais, à l’ouest d’Ouchy, un cheminement de même nature est rendu impossible par trois obstacles – majeurs. D’abord la Sagrave, qui exploite les graviers du Léman et qui décharge ses chalands au cœur d’Ouchy. Puis les clôtures, les bureaux, les hangars de la Compagnie générale de navigation (CGN) et enfin les bains de Bellerive, qui sont certes publics mais réservés aux seuls usagers. Le cheminement le long de la plage n’est rendu aux promeneurs qu’en morte saison.
En arrière-plan de ce parcours d’obstacles, un parking du type Park-and-Ride, toujours complet, une vaste place des fêtes, servant le plus souvent de parking complémentaire. Même si l’on tient compte de quelques points positifs – le quai de la Sagrave accessible quand les grues ne sont pas en action ou encore l’allée d’arbres majeurs qui domine la place des fêtes – le bilan de l’aménagement des rives accessibles aux promeneurs est désastreux, le pire étant le rejet des piétons sur une route à haute densité de trafic derrière les bains de Bellerive.
Entre Ouchy et Vidy, l’espace demeuré libre, ouvert sur le lac, est précisément l’esplanade de Bellerive. On ne peut l’occuper (les opposants diront l’obstruer) sans restituer aux promeneurs non pas une simple compensation, mais une amélioration fondamentale, c’est-à-dire d’Ouchy à Vidy un cheminement longeant le lac sans obstacle.
Les aménagements nécessaires
Entre la capitainerie d’Ouchy et l’extrémité de la digue délimitant le bassin de la Sagrave et de la CGN, il est facile d’imaginer une passerelle amovible. L’exposé des motifs du Conseil d’Etat en chiffre le coût à un million, mais précise du même coup que cette construction ne fait pas partie du projet. On peut imaginer ce parcours sur les digues et la jetée, qui serait une recréation de la situation d’avant les comblements, sous la forme d’une présentation de la vie du lac; tant l’exploitation des graviers que la navigation font partie de l’histoire de Lausanne et du Léman.
Mais l’obstacle majeur demeure les bains de Bellerive. C’est une des grandes réalisations de la première majorité rouge à Lausanne (1936-39). Mais ce bien (bain) public accorde un privilège contestable à ceux qui en jouissent. Compte tenu de la piscine à double bassin offerte aux usagers, seule une infime minorité désire nager dans le lac même. Il ne serait pas trop contraignant que ces amateurs du large sortent et rentrent par un portail aménagé pour un contrôle automatique. Ainsi, par exemple, pourrait être conciliées plage clôturée et promenade piétonne.
Pour lever ces obstacles, il faut une volonté politique. Le référendum l’oblige à se manifester clairement. Avant que le débat ne s’ouvre, il est nécessaire que les Vaudois et les Lausannois, par un engagement des autorités responsables, sachent que le Musée des Beaux-Arts à Bellerive sera le relais d’un parcours piéton en bord de lac, ininterrompu, d’Ouchy à Vidy.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!