Les Verts n’ont jamais craint de se rendre impopulaires en préconisant une augmentation massive du prix de l’essence à la colonne comme un mal salutaire. Un tel renchérissement devrait à la fois provoquer une diminution de la consommation et donc du trafic motorisé individuel, constituer un encouragement au transfert modal et générer des moyens supplémentaires pour financer une mobilité durable.
Fort bien. Sauf que ce beau cercle vertueux ne sera pas déclenché par la spectaculaire augmentation du prix de l’essence sans plomb, qui va prochainement passer la barre des deux francs le litre comme l’a déjà fait le diesel. D’une part, les automobilistes semblent peu portés à modifier leurs comportements; ils râlent mais paient. Et d’autre part, les hausses de prix n’ont pas davantage de motivations écologiques que leurs bénéficiaires. Schématiquement dit, la spéculation qui se déchaîne sur les marchés du pétrole sert à financer l’aménagement de golfs et de piscines dans le désert ou la construction d’immeubles et d’équipements à contre-climat. Qui osera faire le bilan énergétique de Dubaï?
Et les Verts voudront-ils dénoncer un renchérissement qu’en général ils souhaitent mais qui s’avère en l’occurrence totalement inefficace et même nuisible de leur point de vue? Nul besoin en revanche de s’interroger sur le silence de Hans-Rudolf Merz, trésorier de la Confédération: celle-ci encaisse sereinement, outre l’impôt sur les huiles minérales basé sur la quantité (de 73 à 76 centimes par litre de carburant), la fructueuse TVA déterminée en fonction du prix, taxé au taux dit normal de 7.6%. Plus la spéculation internationale sévit, plus la caisse fédérale se remplit.
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