Par un courrier paru dans l’édition de Domaine Public du 4 mai, M. Samuel Roller adresse ses condoléances « à une amie meutrie, la gauche neuchâteloise ». Le parti socialiste y est, selon lui, « battu, divisé, presque anémié, comme désabusé ». C’est ainsi que le PSN a appris avec effroi qu’il était à ce point déconfit et que la gauche neuchâteloise était « meutrie ». Peut-être est-ce là l’effet du miroir déformant que la presse à tendu au canton de Neuchâtel après les élections cantonales du 8 avril dernier. La gauche y apparaissait en échec pour avoir manqué d’un cheveu la majorité qu’elle s’était fixée comme objectif ambitieux de prendre. Et pourtant, atteignant 49,2 % des suffrages au Grand Conseil, en progression de 2,2 %, elle a bel et bien gagné ! Qui plus est, pour la première fois depuis 1960, elle gagne lors de deux élections successives, marquant une nouvelle progression après celle de 1997 (+ 4,7%). Il n’est pas d’autre canton, Genève excepté, où la gauche soit si forte. Pour l’élection au Conseil d’Etat, il s’en est fallu de moins de 300 suffrages qu’un deuxième tour, toujours favorable à la gauche, n’ait lieu. Certes, le PSN cède un peu de terrain à ses alliés du groupe PopEcoSol, mais il reste largement la plus grande formation politique du canton. Avec 55 sièges (+ 2) contre 60 à la droite (-2), le nouveau Grand Conseil sera loin d’être la chambre d’enregistrement d’un Conseil d’Etat que la nouvelle élue libérale Sylvie Perrinjaquet rêve de tirer à droite. Gageure suprême, la gauche a gagné face à une droite qui avait pour seul slogan « moins d’impôts ». La sollicitude de M. Roller est donc touchante mais un peu déplacée.
Pierre Bonhôte, président du parti socialiste neuchâtelois
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