Le World Economic Forum reste l’inusable rendez-vous mondain de Davos. Son concurrent social, qui triomphait à Porto Alegre en 2001, est une espèce en voie de disparition.
Surprenante mobilisation d’opinion à l’aube du troisième millénaire: une nébuleuse d’organisations syndicales, religieuses ou citoyennes se solidifiait pour créer une réunion planétaire. Le Forum social mondial volait la vedette médiatique aux grands du monde économique et politique. Espoir immense: les propos du dirigeant d’une mini organisation syndicale brésilienne ou des paysans sans terre recueillaient autant d’écho que ceux du vice-président des Etats-Unis ou du directeur de l’OMC. Un autre monde devenait possible. Pour conforter son image de penseur correct, une personnalité de gauche devait faire le voyage de Porto Alegre. Le mouvement anti mondialiste, rebaptisés altermondialiste, était né et générait des oppositions violentes contre le World Economic Forum, l’OMC et autres sommets des grands. Davos doit se barricader. Mais le Forum économique change également son menu. Il invite les contestataires et introduit dans ses débats des interrogations sociales et environnementales.
Huit ans plus tard le climat a changé. L’armée bloque toujours, fin janvier, l’accès à Davos pour prévenir une improbable invasion contestataire. Les thèmes centraux du Forum redeviennent essentiellement économiques : promotion de l’innovation, puissance de la Chine et de l’Inde. Le Forum social mondial, concurrent de Davos, s’est progressivement étiolé. La réunion mondiale de 2008 sera uniquement virtuelle. Le site www.wsf2008.net, boîte à idées altermondialiste, permet à chaque organisation locale de décrire ce qu’elle fera le 26 janvier, le Global Action Day. «Faites-le chez vous» se borne à conseiller Attac France. En Belgique, on organise une visite alternative de Bruxelles. En Suisse,l’Autre Davos organise un forum au Volkshaus de Zurich avec la participation de Jean Ziegler et de Susan George. Invités à Davos, Public Eye et la Déclaration de Berne éliront les chefs d’entreprises les plus malfaisants de la planète.
Les altermondialistes sont en perte de vitesse. Mais ils n’ont pas perdu leur capacité d’analyse ni leur esprit critique. Si le néolibéralisme est en crise, ils concèdent qu’une issue altermondialiste est très peu probable à moyen terme. La mobilisation sans effet contre la guerre en Irak a créé un sentiment d’impuissance chez les militants. Les oppositions entre les préoccupations sociales et environnementales ont divisé le mouvement qui n’a pas été capable de proposer un modèle capable de démontrer qu’un autre monde est possible.
Pour faire un résumé brutal, la révolution mondiale, après la chute du Mur, se réduit, début 2008, à quelques centaines de sites sur la toile.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!