Les informations qui filtrent progressivement sur l’opération d’évaluation des ministres français confirment nos craintes (DP 1762). Le Monde présente les critères qui permettront de mesurer l’action de la ministre de la culture et de la communication.
Ainsi la priorité donnée par le président à l’éducation artistique est traduite par «la proportion de jeunes d’âge scolaire qui ont bénéficié d’une action éducative et culturelle de la part d’une structure subventionnée par le ministère» et «le nombre d’établissements scolaires qui intègrent un volet artistique à leur projet d’établissement». Il ne s’agit là que de conditions pour développer l’éducation artistique. Mais seront-elles suffisantes? Quels résultats ces moyens produiront-ils? Même si ces critères sont respectés, ils ne disent rien de l’impact d’une telle politique sur les jeunes. Il n’est pas sûr que l’éducation artistique – de quelle qualité? – produise les résultats visés, à savoir notamment une amélioration de la compétence artistique des élèves. Une véritable évaluation doit mesurer plus que ce que les spécialistes nomment les extrants (outputs) – à savoir les indicateurs mentionnés ci-dessus – et s’intéresser aux effets attendus (outcomes).
Cette conception étriquée de l’évaluation sert d’abord à valoriser rapidement les activités facilement quantifiables du ministère de la culture – combien d’argent dépensé pour les monuments historiques, d’heures de programmes culturels sur les chaînes publiques de télévision, de visites dans les musées par exemple. Elle privilégie l’activisme et néglige les effets ultimes que devraient susciter les mesures adoptées et mises en œuvre, des effets qui ne sont pas observables à court terme. Dans ce sens, cette évaluation reflète bien le mode de gouvernement du président Sarkozy.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!