Un lecteur apporte un correctif et un complément à l’article paru dans Domaine Public 1440 consacré à un recueil de nouvelles de l’écrivain sicilien Leonardo Sciascia, La mer couleur de vin.
C’est bien d’attirer l’attention sur l’œuvre de Leonardo Sciascia. Mais encore faudrait-il vérifier ce qu’on écrit à son propos. Attribuer, comme le fait Géraldine Savary dans le n° 1440 de Domaine Public, le film Cadaveri eccellenti à Elio Petri, est une erreur que la consultation du plus modeste dictionnaire spécialisé aurait évitée. Il suffit de voir quatre ou cinq plans de Cadaveri eccellenti pour reconnaître la patte inimitable du Francesco Rosi de la grande époque, celle de Mani sulla città ou d’Uomini contro.
Quant à Elio Petri, personnalité très attachante, dont les films ne peuvent cependant se comparer à ceux de Rosi, il a certes lui aussi adapté des textes de Sciascia, mais il s’agit de A ciascuno il suo (1967) et de Todo modo (1976). Signalons aussi, pour mémoire, que Damiano Damiani a réalisé en 1968 Il giorno della civetta d’après le roman homonyme de Sciascia.
Cela dit, je partage l’admiration de Géraldine Savary pour Leonardo Sciascia. Mais à mon sens, il donne le meilleur de son talent dans ces œuvres apparemment impersonnelles, construites comme des enquêtes policières, dans un style d’un dépouillement aride comme les collines de sa Sicile originelle, que sont La scomparsa di Majorana, Atti relativi alla morte di Raymond Roussel ou Dalle parti degli infedeli. Je ne vois guère que Pavese, également difficile à traduire, même si c’est pour de tout autres raisons, qui puisse lui disputer le premier rang dans la pourtant très riche littérature italienne de la seconde moitié du siècle Rémy Pithon, Allaman
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