Aile syndicale ou bobos urbains? Milieux populaires ou jeunesse branchée? Depuis les élections du 21 actobre les commentaires autour du parti socialiste portent sur son public-cible comme on dit en marketing, comme s’il devait choisir ses électeurs. Faux débat. Le parti socialiste devrait être d’abord celui des salariés, qu’ils soient actifs ou retraités, comédien à Zurich, technicien à Soleure ou rentier AVS à Monthey.
Très bien et si l’on examinait les militants? Une sociologie des membres des partis reste à faire, mais le changement semble profond. Il y a 40 ans, souvenirs, souvenirs, le noyau militant était composé des «fédéraux» comme on disait alors, postiers et cheminots, avec un fort contingent de fonctionnaires de base des cantons et des communes, des concierges, des comptables, des employés de bureaux, des policiers, des techniciens, mais peu d’ouvriers. Les enseignants encadraient ces adhérents et fournissaient l’essentiel des élus de haut vol avec quelques médecins, avocats ou architectes. Eric Voruz, postier à 20 ans, devenu syndic de Morges et nouvel élu – à 62 ans – au National est un parfait représentant de cette époque révolue.
Aujourd’hui, il serait possible de dire en exagérant à peine que la possession d’un diplôme d’une université ou d’une HES est une condition d’entrée au PS qui est désormais formé, en profondeur, de représentants des catégories les plus éduqués de la population. Cela ne signifie pas qu’il ne peut conserver des positions importantes au sein des milieux populaires travaillés en profondeur par l’UDC, l’exemple vaudois le démontre bien, mais il doit un peu forcer sa nature, s’intéresser à un monde qui n’est plus le sien. Et, difficulté supplémentaire, voilà qu’une partie des élites urbaines est passé dans le camp des verts.
Le parti socialiste n’est pas seulement confronté à un problème de choix politique, ce qui au fond est assez facile à régler – après tout les débats internes servent à ça – mais surtout à la question de sa composition même qui l’éloigne inexorablement d’une sensibilité populaire et ce défi là est autrement plus difficile à relever.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!