La hausse de la masse salariale sera de 2,5 %, le salaire minimum sera de 3600 francs avec une meilleure progressivité, un effort particulier de rattrapage sera fait en faveur des femmes. Un congé paternité et la prolongation des vacances pour les collaborateurs plus âgés complètent le tableau. La nouvelle convention collective de Coop n’ouvre pas le paradis pour le personnel de la distribution. Mais le syndicat UNIA affiche sa claire satisfaction pour un texte qui représente une avancée significative dans une branche défavorisée. Rappel: aucune négociation de CCT n’est prévue cette année avec la Migros, le régime actuel prévalant jusqu’en 2011, au grand dam d’Unia et sauf événement majeur tel le rachat de Denner, suivant les modalités prescrites par la Commission de la concurrence.
On pouvait penser que l’arrivée en Suisse de Aldi et Lidl représente une menace pour les salariés. Concurrencés par les nouveaux venus, les grands distributeurs en place auraient pu faire subir à leurs employés la diminution de leurs marges. Et bien, il n’en est rien. Il y a plusieurs explications à la générosité de Coop. La grande entreprise bâloise est fille du mouvement coopératif. Il lui reste quelques miettes de la grande utopie sociale de la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui, Coop construit son image sur le développement durable. Pour être bon élève vis-à-vis des consommateurs conscients et responsables, il faut traiter correctement son personnel.
Au-delà des motivations vertueuses, il y a également un réel calcul économique. Les hard discounters allemands ont une sinistre réputation de négriers. Ils prennent, puis ils jettent. Le personnel est soumis à une intense pression productiviste. Il est mis à la porte sans ménagement à la moindre défaillance. Mais le salaire d’embauche est compétitif. Pour éviter le risque d’un exode du personnel appâté par un faible gain initial, Coop joue l’amélioration immédiate et sur le long terme. L’investissement en faveur du personnel est important. Il prouve que, après avoir baissé ses prix pour faire face à la nouvelle concurrence, l’entreprise a encore des marges suffisantes, voire confortables.
Les nouvelles conditions promises au personnel de Coop ne vont pas améliorer le sort des victimes salariées des hard discounters. La législation suisse sur le travail ne permet pas de combattre leurs méthodes musclées. L’autre moyen de protection est l’extension du champ d’application des conventions collectives. Elle n’est possible que pour des textes signés entre associations professionnelles et non pour des entreprises individuelles. L’humanisation des conditions de travail de l’ensemble du personnel de vente n’est donc pas pour demain.
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