Jamais la révision d’une loi n’a été autant l’objet, sur une aussi longue durée, de chantages répétés, renouvelés, diversifiés.
Deux projets de loi étaient à traiter simultanément: les conditions d’octroi des rentes et le financement de l’assurance fortement déficitaire et endettée, exigeant, selon le Conseil fédéral, une augmentation du taux de TVA.
Le parlement a choisi de débattre d’abord des prestations avant le volet financier. Ce débat fut placé sous un premier chantage. Si vous n’acceptez pas les économies prévues dans la révision, jamais le refinancement ne passera la rampe.
La loi fut adoptée, mais un référendum fut lancé et aboutit. La commission qui, avec une année de retard, s’était enfin saisie du volet financier et fiscal déclara d’emblée: il n’y aura pas de refinancement si le référendum n’est pas refusé. Ce fut le deuxième chantage.
Finalement, au vote d’ensemble, le Conseil national rejeta l’augmentation des ressources. Il fallait trouver autre chose. Comme l’AI et l’AVS disposent pour leur trésorerie du même fonds de réserve, on fait peur aux rentiers. Si vous n’acceptez pas la loi, vos rentes sont menacées. Troisième chantage.
Ces chantages successifs auront pour effet, si la loi est adoptée en juin, de donner au peuple l’illusion qu’il a fait ce qu’il fallait faire. Et l’augmentation indispensable de la TVA, qui sera de toute façon combattue par l’UDC et la droite, est fortement compromise.
Dès lors autant s’accrocher à ce qui est. Le non aurait un sens: le refus de cet hybride malsain, croisement de la dérobade et des chantages.
A consulter sur le site:
Notre dossier sur la 5e révision de l’AI, avec les précédents articles de DP
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