Pendant longtemps, la publication des sondages était interdite lors des élections présidentielles françaises au cours de la semaine précédant le vote. Naturellement la presse romande se faisait une joie d’en publier les résultats et le bouche à oreille des frontaliers et de tous les Suisses ayant des relations en France faisait le reste. L’effet boule de neige était certainement important et une partie sans doute non négligeable du corps électoral de nos voisins était au courant des dernières tendances. Aujourd’hui la règle ne s’applique plus qu’à partir du vendredi soir.
On retrouve aujourd’hui la même situation avec les estimations des résultats. Les bureaux électoraux en France ferment à 18 heures dans les petites communes et à 20 heures dans quelques grandes villes. Les dépouillements de petits bureaux sont terminés vers 18h40, mais la publication des résultats demeure interdite jusqu’à 20 heures. Or les instituts de sondage connaissent parfaitement les bureaux-tests dont les résultats s’avèrents toujours proches du score final. Les sites internet de 24 Heures et de la Tribune de Genève ont donc annoncé la publication en temps réel des estimations.
Mais l’accès à ces deux sites était extrêmement difficile dimanche en fin d’après-midi. De très nombreux internautes français ont sans doute essayé de s’y connecter. Il fallait donc attendre et les résultats affichés étaient plutôt en retard par rapport à ceux donnés par la Radio suisse romande qui a fourni les résultats exacts à quelques décimales près dès 18h45! Par sa facilité d’écoute et sa vitesse de réaction, la radio s’est montré nettement supérieure à Internet… à condition de vivre en Suisse romande bien sûr.
Mais gageons que les téléphones ont sonné un peu partout en France et que de fil en aiguille, de nombreux citoyens de l’Hexagone étaient au courant des résultats bien avant l’heure officielle, sans compter le fait que de leur côté les médias belges se sont livré au même exercice. Mais quel peut bien être l’intérêt de connaître la conclusion du vote avec un peu plus d’une heure d’avance? Rien d’autre que la satisfaction narcissique de pouvoir l’annoncer aux amis avec l’impression d’appartenir au cercle des initiés, ce qui n’est déjà pas si mal! Le gouvernement français dispose d’ailleurs d’un moyen très simple pour supprimer ce décalage: il suffirait de fermer tous les bureaux électoraux à la même heure…
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!