Rien de plus pacifique que les deux petits robots martiens – Spirit et Opportunity – qui roulent avec obstination sur la planète rouge depuis plus de trois ans. Contrôler des engins à quelque dizaine de millions de kilomètres de distance n’est pas une tâche très facile. Impossible de le faire en temps réel, car il faut plusieurs minutes pour que les ondes radio fassent l’aller et retour entre la Terre et Mars, sans compter que les itinéraires sont établis sur la base de photos envoyés par les deux robots.
Des logiciels de navigation automatiques ont été développés afin que les deux engins puissent s’orienter eux-mêmes à partir d’une analyse informatique des images effectuée par l’ordinateur de bord. La Nasa vient d’annoncer très fièrement qu’elle a installé à distance de nouveaux programmes de navigation mis au point à Pittsburgh à l’université Carnegie Mellon qui permettent non seulement de reconnaître les obstacles mais d’effectuer des manoeuvres complexes, se sortir d’un cul-de-sac par exemple.
Ces logiciels sont issus d’un budget baptisé Field D destiné à développer des véhicules de combat automatique pour l’armée. Une version simplifiée en raison des capacités réduites des ordinateurs de bord de nos tout-terrain martiens a été proposée à la Nasa qui l’a adoptée et installée sur Spirit et Opportunity.
Cette histoire ne présente rien de bien extraordinaire si ce n’est qu’elle est exemplaire de la capacité américaine de mélanger en permanence recherche militaire et civile avec des allers et retours permanents de l’un à l’autre ce que les Européens, helvètes inclus, ne savent pas vraiment faire. Cette imbrication de l’armée, des universités et des entreprises est l’une des forces des Etats-Unis qui ne sont absolument pas le pays du tout libéral et du peu d’Etat que l’on imagine parfois ici.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!