Se refuser à réélire Christoph Blocher en décembre prochain, sans remettre en cause la participation de l’UDC au gouvernement, c’est rester au milieu du gué. C’est une fois encore laisser l’initiative à la droite nationaliste : en effet, en cas d’échec de son chef charismatique, l’UDC annonce son retrait du Conseil fédéral et une politique systématique d’opposition.
Les raisons de mettre à la retraite le tribun zurichois sont nombreuses. Quatre ans à l’exécutif ont montré à quel point ce politicien n’est pas du bois dont on fait les magistrats et surtout les membres d’une autorité collégiale : toujours prêt à jouer sa partition en solo, n’hésitant pas à interpréter, voire à ne pas respecter les décisions du Conseil fédéral, plus attentif aux intérêts de son parti qu’à sa fonction gouvernementale, peu respectueux du principe de la séparation des pouvoirs dès lors que des décisions de justice le gênent.
Mais le rejet de Blocher ne suffit pas. C’est son parti aussi qu’il faut mettre à la porte du gouvernement. Un parti incapable de prendre au sérieux les règles de la démocratie de concordance, en posture constante d’affrontement, tel un adolescent mal dans sa peau, soufflant de manière irresponsable sur la moindre braise émotionnelle, exacerbant très régulièrement les conflits plutôt que de proposer des solutions constructives. Oui, la place d’un tel parti est bien dans l’opposition. Et c’est aux autres formattons de l’y renvoyer sans tarder. Car avec un partenaire aussi peu fiable, c’est le fonctionnement des institutions qui est mis en péril. La composition du Conseil fédéral ne se déduit pas d’une simple règle de trois. La force électorale d’un parti, l’importance de sa députation ne suffisent pas à légitimer sa présence au gouvernement. Encore faut-il qu’il adhère à des principes et des règles communes. A l’époque, les socialistes n’ont obtenu cette légitimité qu’après avoir renoncé à la lutte des classes et adhéré à la défense nationale. Aujourd’hui, l’UDC a clairement perdu cette légitimité.
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