Le Conseil fédéral réoriente sa politique énergétique pour parer à la pénurie attendue d’électricité. Sa stratégie nouvelle se décline désormais en trois volets : l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables et les grandes centrales électriques (gaz et atome). Voilà pour le discours officiel.
En réalité, cette politique date d’une trentaine d’années, quand est clairement apparue la fragilité de notre approvisionnement pétrolier. Mais elle n’a connu qu’une concrétisation très partielle en matière d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables. Quant aux centrales électriques, qu’elles fonctionnent au gaz ou à l’énergie nucléaire, elles ne relèvent pas de la compétence de la Confédération mais de l’initiative des grandes sociétés d’électricité.
Le Conseil fédéral semble accorder la priorité aux mesures d’économie et à la promotion des énergies renouvelables. Le renouvellement voire le développement du parc de centrales de production ne devant intervenir qu’en dernier lieu. Pourtant le gouvernement ne croit pas à cet ordre de priorité puisqu’il table d’ores et déjà sur un déficit électrique à partir de 2020. Il prétend appuyer son pronostic sur les perspectives élaborées par l’Office fédéral de l’énergie.
Or sur les 22 variantes étudiées par l’administration, seules 6 font appel plus ou moins au nucléaire. Les autres scénarios impliquent des mesures fortes en faveur des économies et des énergies renouvelables. C’est dire que le Conseil fédéral a fait le choix d’une politique peu active dans ces deux domaines qui relèvent de la compétence fédérale. En se refusant à influencer efficacement la demande, il justifie le développement de l’offre. Pour preuve, le mandat qu’il a donné au département de Moritz Leuenberger de préparer des plans d’action d’ici la fin de l’année. Comme si le temps ne pressait pas et l’arsenal des mesures nécessaires n’était pas largement connu et appliqué dans d’autres pays. Cette absence de volonté de modérer la demande d’énergie et de stimuler l’offre en énergies traditionnelles, on la retrouve au Parlement. Une commission du Conseil des Etats (CEATE) vient de rejeter des mesures pour la promotion des énergies renouvelables dans la loi sur l’approvisionnement électrique. Une décision qui n’étonne guère quand on sait que la moitié des commissaires siège dans un ou plusieurs conseils d’administration de sociétés électriques, plus intéressées à vendre du courant qu’à en promouvoir un usage ménager. Axpo, la principale d’entre elles, n’hésite pas d’ailleurs à annoncer clairement la couleur en ridiculisant l’énergie solaire : dans un spot projeté dans les cinémas et qui passera prochainement à la TV, elle met en scène Köbi Kuhn, l’entraîneur de l’équipe suisse de football, cherchant désespérément à recharger sa montre solaire sous la pluie.
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