Nous avons publié un article sur les prix du livre le 3 novembre (cf. Prix du livre: La charge d’Internet , Jacques Guyaz (jg), DP n°1708, du 03 Novembre 2006). Nous voulions démontrer que les vrais concurrents des grandes chaînes de librairie n’étaient pas les petits indépendants, mais les sites français de vente par correspondance. Nos calculs montraient que la nouvelle politique de prix des librairies Payot avec 20% de rabais sur les best-sellers, ou présumé tels, leur permettait d’être moins chers qu’Amazon, principal site de vente par correspondance.
Quel n’a pas été notre surprise de découvrir ces derniers jours sur la page d’accueil d’Amazon un drapeau suisse accompagné du slogan : «Une commande vers la Suisse ? Jusqu’à 20% de réduction». Ce pourcentage restera à jamais un mystère : calculé comment et par rapport à quoi, impossible à dire. On est à la limite de la publicité mensongère. Par contre Amazon exonère directement les clients suisses de la TVA française de 5,5%, ce qui est nouveau, car en principe c’est le client qui doit en demander le remboursement. Mais nous ne connaissons personne qui se rendra de son domicile à la douane française la plus proche pour se faire rétrocéder la TVA. D’autre part Amazon explique qu’il vaut mieux une commande inférieure à 150 euros, ce qui l’exonère du paiement de la TVA suisse de 2,4% appliquée seulement si le montant de l’impôt dépasse 5 francs. Grâce à ces astuces expliquées très clairement sur le site, l’acheteur helvète se retrouve avec un coût d’achat à nouveau très sensiblement inférieur à celui de Payot, l’écart devenant même très important s’il n’achète pas de best-seller. Voilà en tous les cas une preuve de la sensibilité d’Amazon France à l’égard des clients suisses et de la réalité du combat entre les grandes chaînes et les librairies en ligne. Même si cette fois Amazon est au bout des possibilités légales. Pour aller plus loin, il faudrait que les livres français destinés à l’exportation ne soient plus assujettis au prix unique, ce qui permettrait des rabais encore plus substantiels. Mais là, les intérêts du libraire en ligne se heurtent à ceux de l’éditeur qui cherche à maximiser son prix dans un marché riche comme la Suisse romande. Il y a donc un point d’équilibre qui est sans doute à peu près atteint.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!