Théoriquement les actionnaires sont propriétaires de l’entreprise dans laquelle ils ont investi. Par le biais du conseil d’administration, ils sont censés contrôler l’action des dirigeants. En pratique, on sait que ces derniers disposent du véritable pouvoir, face à un actionnariat souvent très atomisé et qui abandonne ses droits aux banques dépositaires de ses titres. Le développement de la prévoyance professionnelle a fait des caisses de pension des investisseurs de poids. Un tiers des 660 milliards de francs épargnés par les salariés est placé en actions. Les institutions de prévoyance devraient donc jouer un rôle économique important. Pourtant, tel n’est pas le cas. Quelles sont les raisons qui expliquent cette passivité ?
Les caisses de dimension réduite ne disposent pas de gestionnaires compétents pour évaluer la qualité de la gestion des entreprises et intervenir le cas échéant auprès de leurs directions. Quant aux caisses importantes, elles répartissent leurs placements sur un grand nombre d’entreprises afin de minimiser leurs risques. Elles possèdent donc une part trop faible du capital de chacune d’entre elles pour peser sur les décisions. En général, les gestionnaires des institutions de prévoyance se contentent de structurer leurs investissements de manière à conjuguer rendement et sécurité. En cas d’insatisfaction à l’égard de la marche d’une entreprise, ils vendent les actions de cette dernière ; c’est la stratégie de sortie. Ce diagnostic est posé par deux chercheurs du
Centre pour la responsabilité des entreprises et le développement durable (CCRS) de l’Université de Zurich, dans un
rapport récemment publié (U. von Arx, A. Schäfer, The Influence of Pension Funds on Corporate Governance, November 2006). Ce comportement des caisses, relèvent-ils, n’est pas compatible avec leur mission qui consiste à garantir des prestations non seulement aux rentiers actuels, mais également aux générations futures. Les caisses sont donc intéressées par un rendement à long terme. Ce qui justifierait leur intervention lorsque des dirigeants mettent en péril la survie de l’entreprise, ou que plus généralement l’entreprise porte atteinte à l’environnement physique ou social. Mais pour exercer efficacement ce contrôle, les caisses doivent coordonner leur action, former des coalitions capables d’affronter les directions d’entreprises.
La fondation
Ethos, créée à Genève par deux caisses de pension, mise sur le développement durable par une politique de placements intégrant aussi bien les dimensions économique que sociale et environnementale. Ethos, qui s’est fait connaître par ses interventions lors des assemblées générales de grandes entreprises telles que Nestlé et Novartis, gère un capital encore modeste de 1,3 milliard de francs. Rien n’empêche les salariés de faire pression sur leurs institutions de prévoyance pour qu’elles rejoignent des fondations comme Ethos.
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