Ce qui est bon pour Zurich est bon pour
la Suisse. Quand la métropole va, tout le pays va. Deux
assertions que le président (maire) depuis 2002 de la plus
grande ville de Suisse, Elmar Ledergerber, 62 ans, se garde bien de
formuler lui-même. Mais il n’en pense pas moins. Et affirme que
Zurich représente la principale source de redistribution des
revenus dans le système helvétique de péréquation
financière. Illustration : la moitié des 2 740 communes
suisses envoient chaque jour un nombre variable de leurs résidents
à Zurich pour y travailler – et gagner ensemble vingt
milliards de francs par an.
Dans un long entretien tout récemment
accordé à Das Magazin, Elmar Ledergerber montre qu’il
sait jouer en finesse à la tête de la «Little Big
City». Plus question de «Downtown Switzerland»,
tout juste de la nécessaire locomotive entraînant le
convoi des villes et cantons suisses. Zurich va bien : elle surfe sur
la vague des cultures urbaines, elle perçoit la moitié
de ses ressources fiscales auprès des personnes morales, dont
les trois quarts lui viennent de la place financière, elle
bénéficie d’un intéressant mouvement de retour
en ville, qu’elle stimule par la construction, 10 000 nouveaux
logements offerts depuis l’an 2000.
Cependant Elmar Ledergerber se profile
non seulement comme le promoteur de la seule métropole de
Suisse, mais aussi comme un défenseur de la cause des villes.
Il ne cesse de rappeler que les huit principales villes de Suisse,
dont la sienne et sa voisine Winterthour, en pleine reprise
postindustrielle, rassemblent à elles seules une population
plus nombreuse que celle des treize plus modestes cantons.
Et pour que le poids démographique
et économique des cinq plus grandes villes du pays – Zurich,
Genève, Bâle, Berne et Lausanne – soit vraiment pris en
considération, il propose de leur accorder un droit de
référendum fédéral. Dont elles n’auraient
pas forcément besoin de faire usage pour jouer un rôle
institutionnel correspondant à leur importance réelle.
En Suisse, note Ledergerber, le pouvoir appartient aux organismes
dont on sait qu’ils peuvent rassembler plus de 50 000 signatures en
trois mois. Rien de plus facile dans les grandes villes en question.
Mais voilà : cette possibilité leur ferait jouer le
rôle peu avantageux de frein. Comme celui que la nouvelle
Constitution cantonale accorde aux villes de Zurich et de
Winterthour, ainsi qu’à douze communes politiques au moins.
L’on préférerait qu’elles puissent montrer leur
dynamisme et demander une votation populaire par la voie d’une
initiative plutôt que d’un référendum, d’une
proposition plutôt que d’un contrôle.
Das Magazin, n° 46, 18-24.11.2006,
pp. 14-26. Das Magazin est le supplément hebdomadaire au
format tabloïd édité par Tamedia et distribué
par le Tages-Anzeiger de Zurich, la Basler Zeitung, la Berner Zeitung
et le Solothurner Tagblatt.
Das Magazin, n° 46, 18-24.11.2006,
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