L’emploi à vie dans une entreprise est un modèle qui appartient au
passé. L’économie se mondialise. Les entreprises travaillent en flux
tendu pour s’adapter rapidement à la concurrence internationale. Les
contrats de travail temporaires sous toutes les formes se multiplient.
Quelle est l’ampleur du phénomène et quelle précarité entraîne-t-il ?
Pour tenter de répondre à ces interrogations, la Conférence romande et
tessinoise des services cantonaux de l’emploi (CRT) a lancé une enquête sur le travail intérimaire. Ses résultats viennent d’être publiés.
Le travail intérimaire est moins répandu qu’on aurait pu le craindre.
Il ne représentait que 1,6% l’emploi en 2004. Mais, comparé au 0,45%
enregistré en 1993, la progression est spectaculaire. Si elle se
poursuit au même rythme, elle transformera profondément le marché du
travail.
On aurait pu supposer que le travail intérimaire se substitue aux
emplois fixes en période de récession économique. Il n’en est rien
L’effectif des travailleurs intérimaires est influencé par la
conjoncture économique au même titre que les autres formes d’emploi.
Lorsque le nombre des chômeurs augmente en raison de la baisse de
l’emploi, le nombre des intérimaires diminue.
La forte croissance des travailleurs intérimaires enregistrée depuis
2003 a des causes extra-conjoncturelles. Elle provient pour une large
part des accords bilatéraux. Les étrangers représentent désormais plus
de la moitié des intérimaires. Leur effectif a progressé de 46% en deux
ans alors que celui des Suisses de 8% seulement.
Le phénomène varie fortement d’une branche à l’autre de l’économie. Il
est particulièrement important dans les entreprises offrant des
services informatiques. Elles travaillent sur mandat, ce qui mobilise
un personnel important sur de courtes périodes. Le travail intérimaire
atteint également un niveau élevé (de 4%) dans l’horlogerie. Pendant la
grande crise des années septante, l’emploi s’est effondré de 90 000 à
30 000 personnes avec son lot de licenciements traumatisants. Les
patrons horlogers doivent s’en souvenir et goûtent particulièrement la
flexibilité qu’offre le travail intérimaire. Dans la branche, Rolex
détient un record. La situation est semblable dans la construction, qui
souffre du traumatisme de la crise des années nonante et, de surcroît,
travaille également sur mandat.
L’étude de la CRT s’est basée sur les statistiques de l’emploi
disponibles au seco et dans les cantons. Ces données quantitatives ne
sont pas suffisantes pour mesurer la précarité du travail intérimaire.
Le rapport ouvre quelques pistes pour en faire une évaluation
qualitative. Un engagement dure en moyenne deux mois. C’est insuffisant
pour avoir accès à la prévoyance professionnelle, ce qui est un élément
évident de précarité. Mais il est possible que les intérimaires
cumulent plusieurs engagements par année et puissent, par
l’intermédiaire de leur agence, cotiser pour leur 2ème pilier. Autre
élément difficilement chiffrable de la précarité : une mission donnée à
un travailleur en dernière minute perturbe la vie privée et génère des
frais si elle est offerte dans une entreprise éloignée de son domicile.
Les offices cantonaux de l’emploi gardent un œil attentif sur
l’évolution du travail intérimaire en particulier et du travail
temporaire en général. Ils suggéreront, au besoin, des accords entre
partenaires sociaux ou des modifications de la loi fédérale sur le
service de l’emploi pour lutter contre la précarité de l’emploi.
Il y a travail intérimaire lorsqu’une agence de location de services
place un travailleur dans une entreprise qui a un besoin temporaire de
main-d’œuvre supplémentaire. Le travailleur placé est en contrat avec
l’agence.
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