Les
réactions souvent émotionnelles suscitées par le résultat des votations
sur l’asile et les étrangers ne feront pas avancer d’un pouce la
compréhension des craintes qui agitent une majorité de nos concitoyens.
Et quand cette majorité réunit plus des deux tiers des votants, il est
temps de prendre au sérieux sa motivation.
Dans la chronique qu’il livre régulièrement à la Basler Zeitung, Helmut
Hubacher, ancien président du parti socialiste suisse, explique très
simplement ce phénomène de rejet qui, selon lui, ne relève pas plus de
la xénophobie que d’un manque d’humanité. Un employé de Coop lui a
confié sa crainte face aux milliers d’Africains qui tentent de
rejoindre l’Europe et que nous accueillons à nos frais. Aucun des
arguments invoqués par le vieux leader ne l’a convaincu. Parce que cet
employé, comme des milliers d’autres, se voit menacé dans ses intérêts,
conclut Hubacher. Les appels d’un grand patron à plus d’humanité à
l’égard des étrangers ne pèsent pas lourd face à l’expérience d’un
monde du travail brutal, où les emplois sont souvent sacrifiés sur
l’autel du profit immédiat. La prise de position des évêques qui
prêchent un humanisme chrétien n’est pas plus crédible, alors que
l’Eglise persécute ses membres trop critiques – Hubacher fait référence
à une actualité locale, un curé soutenu par ses paroissiens et destitué
par l’évêque de Bâle – et maintient les femmes dans un état de
subordination.
Pour Hubacher comme pour beaucoup de praticiens de l’asile, la loi
révisée ne résoudra rien. Elle pourra au mieux nous distraire
temporairement des vrais problèmes. C’est dire que le débat rebondira.
Et que les appels à l’humanité resteront sans effet tant que les causes
profondes de l’insécurité ne seront pas combattues.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!