Le
canton de Vaud vient de publier une enquête sur les salaires versés
dans le secteur privé. Il s’agit bien sûr de données vaudoises, mais
dont l’extrapolation aux autres cantons semble relativement aisée. Les
données concernant les différences entre les Suisses et les étrangers
sont parmi les plus intéressantes.
On y apprend, ce qui n’est pas surprenant, que la rétribution médiane
des salariés suisses est de 17% plus élevée que celle des étrangers.
Par contre pour les professions à hauts revenus, le salaire moyen des
étrangers est de 10 500 francs contre 9 500 pour les Suisses, alors que
la situation s’inverse pour les activités simples et répétitives ou les
professions spécialisées. Les Suisses y gagnent entre 4 000 et 5 000
francs par mois et les étrangers environ 400 francs de moins.
La tentation est forte d’interpréter ces chiffres bruts comme une
conséquence des accords bilatéraux et de l’afflux d’étrangers très
qualifiés. Mais en fait les résultats de l’enquête sur les salaires
effectuée avant l’entrée en vigueur des premiers accords avec l’Union
européenne en juin 2002 donnaient déjà des résultats similaires. Il est
clair que le poids des cadres étrangers a toujours été très grand dans
les multinationales. Les universités et les instituts de recherche ont
toujours été peuplés d’étrangers de haut niveau. Cette situation n’est
pas due à un manque de formation des autochtones, mais aux
caractéristiques de l’économie suisse et de ses entreprises orientées
vers le grand large qui ont besoin d’un nombre considérable de cadres
de haut niveau.
A l’inverse, les emplois non qualifiés remplis le plus souvent par des
étrangers entraînent tout naturellement une différence de salaire en
défaveur des Helvètes. Cette enquête révèle ainsi un trait assez
fondamental non seulement du travail, mais aussi de la mentalité
suisse. Loin d’être un peuple de banquiers, comme l’imaginent
volontiers les pays voisins, les Suisses sont avant tout un peuple de
techniciens, de spécialistes bien formés et souvent créatifs, qu’il
s’agisse de finance, de microtechnique ou de pharmacie, mais il est
parfois nécessaire, pas toujours, d’aller chercher ailleurs une vision
stratégique plus large ou des compétences très pointues et en même
temps des petites mains pour les tâches non
qualifiées.
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