La vague de révisions totales de constitutions cantonales plus que
centenaires déferle depuis 1965. Seuls Schaffhouse, Schwytz, le Valais,
Zoug et les Rhodes intérieures semblent devoir y résister, en admettant
que Genève se lance à son tour. Ces révisions en entraînent souvent
d’autres, sur le terrain. Ainsi les redécoupages administratifs se
multiplient, partout dans la douleur générale et la crainte
particulière des régions rurales et périphériques de perdre leur
surpondération politique.
Les effets de l’urbanisation et l’extension des agglomérations
suscitent force résistances, dans les cœurs où la ville demeure
mal-aimée comme dans les parlements, où les députés des campagnes et
des montagnes se sentent continuellement sur la défensive.
Les capitales et les villes-centres d’agglomération font
particulièrement peur. Au lieu de les prendre pour ce qu’elles sont,
des pôles de développement économique et des lieux d’expérimentation
sociale, écologique et culturelle, on n’a de cesse de vouloir les
affaiblir, réduire leur densité, contenir leur dynamisme. D’où les
continuelles critiques à l’égard de Zurich, la seule métropole de
Suisse, véritable locomotive helvétique. D’où la partition du Grand
Lausanne dans le nouveau découpage territorial vaudois, qui fait de
Pully la ville du district de Lavaux-Oron et sépare l’Ouest de Lausanne
; laquelle se retrouve à la tête d’un district réduit à cinq autres
communes parmi les plus méfiantes à son égard.
Le contraste est frappant avec Berne. Voilà un grand canton qui n’a
peur ni de sa capitale – par ailleurs siège des autorités fédérales –
ni de la région urbanisée qui l’entoure. Au total, la
région-arrondissement de Berne-Mittelland telle que définie dans la
«Réforme de l’administration décentralisée» votée par le Grand Conseil
bernois rassemble 39,5% de la population bernoise. Un véritable
district de Lausanne aurait regroupé un tiers des Vaudois ; situation
inadmissible aux yeux des députés vaudois, qui a gagné un vilain combat
de retardement.
Même au Pays de Jean Villard-Gilles, le temps viendra où l’on
comprendra enfin que, pour des raisons de mobilité générale accrue et
en vue d’augmenter l’efficience de l’Etat, le tout dans une perspective
de développement vraiment durable, il faut non seulement repenser la
gestion publique et l’organisation administrative, mais aussi, et
surtout, interroger les notions de proximité et, finalement, de
subsidiarité.
Schaffhouse et Schwytz – (Antoine Geinoz) – 21.9.2006
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En tant que secrétaire général de la Constituante du canton de Fribourg (2001-2004), j’ai lu avec grand intérêt l’article d’Yvette Jaggi sur le redécoupage du canton de Berne (DP n°1700, p. 3). J’ai toutefois relevé une double erreur au début de l’édito, qui classe Shaffhouse et Schwytz parmi les cantons qui semblent devoir résister à la vague des révisions totales de constitution. La Cst du canton de SH date du 17 juin 2002 (un premier projet avait été refusé par le peuple en 2000). Le peuple schytzois a voté le 25 septembre 2005 le principe de la
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