fut, en 1990, une belle invention de La Distinction, revue satirique
éditée à Lausanne : une logomachine capable de rédiger les éditos de
Jacques Pilet. Le Conseil fédéral pourrait acheter et adapter ce
logiciel qui produirait pour les législatures à venir un rapport sur
l’Europe. Il débiterait tout sur les diverses options, leurs avantages
et leurs inconvénients, du point de vue de la démocratie directe, du
fédéralisme, des acteurs économiques. Il conclurait que ce rapport qui
se veut avant tout factuel devrait être propre à nourrir le débat. Et
ainsi de suite, tous les quatre ans.
On trouvera dans un autre article quelques remarques sur l’édition 2006 du rapport.
Mais pour l’essentiel deux questions doivent être dégagées. Elles sont
de vrais choix politiques, dont la réponse dépend de nous seuls et non
pas d’une contrainte extérieure.
La première : quel est le prix que, pays riche, nous acceptons de payer
au titre de la solidarité internationale, et plus particulièrement
européenne ? La seconde : comment aménageons-nous notre fiscalité pour
garantir le financement de nos assurances sociales et exprimer, dans
nos institutions, notre solidarité intérieure, non pas internationale
mais nationale ? Les deux questions sont étroitement liées.
Contre la modeste contribution versée par la Suisse aux pays, nouveaux
adhérents de l’UE, le référendum a été lancé par un parti, l’UDC, qui
ose encore se dire gouvernemental. Ce vote, il faut le gagner non
seulement pour les arguments qui seront avancés (maintien de bonnes
relations avec l’UE, avantages économiques que nous obtenons de la part
de ces pays en forte expansion), il faut le gagner pour conforter la
conviction que, en tant que pays riche, nous sommes aussi redevables
envers nos partenaires.
Nos assurances sociales souffrent d’un financement insuffisant.
L’assurance chômage est en déficit, celui de l’AI est catastrophique,
le problème de l’AVS se posera dès 2015. Le 15% de TVA minimal imposé à
tous les pays européens nous offre une marge de manœuvre à utiliser
progressivement. Or la majorité de droite s’y refuse obstinément. Même
un modeste 0,8 point pour l’AI n’est pas assuré.
Ce sont deux exemples des luttes concrètes et agendées qu’il faut
engager et gagner. Sans ce contexte, la discussion sur le rapport ne
sera qu’académique, et l’on pourra aussi mettre au point la logomachine
du débat parlementaire sur l’Europe.
ag
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