On connaît la boutade. Déçu par un scrutin populaire lui donnant tort, le perdant se serait écrié : «Il faut changer le peuple».
J’ai vu un tract en faveur de l’initiative populaire «Bénéfices de la
Banque nationale pour l’AVS» (initiative Cosa) où quelques répondants
de cette initiative affichaient un slogan, expliquant leur soutien :
«Parce que ce bénéfice appartient au peuple».
Or ce bénéfice est versé pour un tiers à la Confédération et pour deux
tiers aux Cantons, c’est-à-dire au peuple, l’Etat fédéral et les
Cantons étant élus et contrôlés démocratiquement.
Est considérée par les initiants comme authentiquement destinée au
peuple l’affectation de l’argent à une institution qui touche, à un âge
donné, toute la population. Traduction du sentiment populaire : «Comme
ça, on sait où va l’argent !» où s’exprime aussi une certaine méfiance
sur le bon usage que fait l’Etat des deniers publics.
Le paradoxe, c’est qu’en général la droite, et non la gauche, cultive
cette méfiance sur la judicieuse utilisation de l’argent public.
Et c’est la droite qui ne craint pas de réduire les recettes de l’Etat,
pour lui apprendre à être économe. Et là, que reproche-t-elle à cette
initiative ? De priver la Confédération de 800 millions, et les cantons
de 600 millions. On affaiblit l’Etat, déplore-t-elle hypocritement.
Cosa, débat où la gauche et la droite ont «échangé» leur argumentaire. Le peuple tranchera. Quel peuple ?
Réaction
Se mouiller pour l’AVS (Maurice Reymond, La Neuveville)
Les articles sur Cosa que j’ai eu l\’occasion de lire dans DP m’ont
étonné. On y trouve plus de réserves que de remarques positives. On
tout cas, à DP, on ne se mouille pas pour Cosa. Pourtantsi le bon
peuple, à un âge donné, bénéficie de l’AVS, il est aussi concerné par
son financement. Or on ne peut pas dire que les perspectives qu’ouvre
le Conseil fédéral soient bien attrayantes, qui vont d’un relèvement de
l’âge de la retraite à une hausse de la TVA. La Confédération
ferait-elle de sa part un usage si favorable au peuple, aux
consommateurs par exemple, que vous craignez de l’en priver? Par
contre, l’opposition des pharmas et d’économie suisse n’étonne pas.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!