Les
Constituants vaudois n’ont pas voulu séparer l’Eglise de l’Etat. Mais
ils ont dû reconnaître, ce que révèle le recensement, qu’il n’y a plus,
face au corps politique, une mais des Eglises.
Les pasteurs d’une Eglise qui n’osait plus s’appeler nationale, mais
évangélique réformée, tout en conservant un statut officiel, seront
désormais, si l’on ose dire, défonctionnarisés. L’Eglise catholique et
ses paroisses ne toucheront plus en francs des équivalents pasteurs,
proportionnellement au nombre de fidèles de sa confession. Désormais
ces deux Eglises seront directement reconnues, s’organisant
elles-mêmes, et recevant une subvention au titre de leur contribution à
la cohésion sociale. Fin de l’Eglise protestante considérée comme
constitutive de l’identité cantonale, pour autant que le Grand Conseil
adopte le projet gouvernemental. Ce qui signifie que les Eglises ne
seront plus subventionnées au nom d’une tradition historique élargie
aux catholiques par souci de tolérance et d’équité, mais directement en
raison de leur rôle utile, de même que, si on ose cette comparaison
profane, les paysans sont payés pour leur participation à l’entretien
du paysage.
Mais en coupant le cordon historique, l’Etat fait apparaître clairement
qu’il finance une idéologie. Pourquoi, comme contribuable, devrais-je
directement soutenir une Eglise, telle l’Eglise catholique, dont je ne
partage pas les conceptions sur l’homosexualité ou le rôle des femmes ?
Il paraît évident qu’on est à mi-chemin de la séparation claire et de
la laïcisation. Mais à ce stade devrait être obtenue au moins une
révision de la jurisprudence du Tribunal fédéral qui n’autorise pas la
déduction sur l’impôt de la part réservée au culte.
Ou sinon l’Etat devrait prévoir une fondation laïque, à but social
reconnu par tous, à laquelle serait versée une contribution
correspondant au nombre de ceux qui se déclarent expressément
non-croyants.
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