Dans
son langage délicatement imagé, la presse gratuite parle de «tsunami
rose dans les grandes villes» (20 minutes du 13 mars 2006). «Vague
rose-verte dans les villes vaudoises», titre plus sobrement Le Temps
dans son édition du même lundi.
Le fait est là : les plus grandes communes du canton se retrouvent
politiquement urbanisées. C’est-à-dire avec une forte proportion, voire
une majorité nouvelle ou renforcée, d’élus portant les couleurs rose et
verte. Dans le vent, et davantage que simplement à la mode, les Verts
remportent pratiquement partout des succès collectifs, outre les
performances personnelles (et attendues) de Daniel Brélaz à Lausanne ou
de Jacques Delaporte à Montreux.
Les socialistes ne sont pas en reste, au niveau municipal tout au moins
; Lausanne, Morges, Nyon, Vevey sont bien en mains. Dans les conseils
communaux, la reprise s’amorce à Yverdon et la progression se confirme
à Morges, à Sainte-Croix, à Payerne, à La Tour-de-Peilz. Même à Bex,
les socialistes, syndic réélu dès le premier tour en tête, ne
«souffrent» pas de la situation sur le front de l’asile – contrairement
à Vallorbe. Pully sera bientôt, avec un syndic socialiste, la seule
ville vaudoise à majorité encore radicale-libérale.
L’inversion de tendance est spectaculaire par rapport aux années
huitante, une génération en arrière. Les radicaux passaient pour
insubmersibles, alors qu’ils n’en finissent pas de creuser le fond au
fur et à mesure qu’ils le touchent. Les libéraux se sentaient
définitivement supérieurs, y compris par rapport à leurs cousins de
l’Entente, qu’ils égratignaient continuellement. Les Verts, pas encore
partout connus sous ce nom, se trouvaient un peu seuls dans la forêt
malade et du côté de la croissance zéro. Et les socialistes, en perte
de vitesse au niveau fédéral, partagés entre défense des travailleurs
et protection de l’environnement, ne faisaient qu’entrevoir l’issue
«locale», la conquête de nouvelles majorités de base dans les villes et
les cantons.
Aujourd’hui, les roses et les verts sont aux affaires, assumant
davantage de responsabilités à chaque législature. Nouveau défi, relevé
avec brio dans la capitale vaudoise et dans un nombre croissant de
grandes communes. Pas étonnant que la prochaine étape s’annonce moins
longue que prévu. Rendez-vous au printemps 2007, pour le désormais
possible renouveau cantonal.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!