Sabina Guzzanti veut savoir pourquoi son programme satirique, Raiot, a été suspendu après le premier épisode. Viva Zapatero !
raconte l’enquête dédiée au premier ministre espagnol, instigateur
d’une loi qui interdit au gouvernement et au parlement de désigner les
cadres et le conseil d’administration des télévisions publiques. Une
loi totalement inconnue dans la péninsule où la pratique de la
«lotizzazione» – le partage des chaînes entre les partis – traverse les
formations politiques. Pratique qui éclaire l’étrange apathie du centre
gauche, quand il était au pouvoir, à l’égard du conflit d’intérêt de
Silvio Berlusconi, propriétaire de trois chaînes commerciales et, en
tant que premier ministre, «garant» de la RAI.
de l’arrogance des puissants sourds à la satire, le film célèbre le
mariage civique, sinon révolutionnaire, entre la scène et les larges
bandes de la communication planétaire. A la fin, sans réponse à sa
question, Sabina Guzzanti, joue au théâtre le spectacle censuré,
assurant sa diffusion via un réseau de télévisions locales arrosées par
un satellite. Ainsi, elle profite à son tour d’une libéralisation
sauvage qui a multiplié les antennes, souvent monomaniaques, au service
d’une cause, parfois d’une région, et, dans le pire des cas, à la solde
d’un club de football. La liaison spatiale détourne à la fois le diktat
du régime et la routine en boucle des petits émetteurs. De plus, elle
manifeste la charge subversive des nouvelles technologies quand elles
s’emparent d’une expression traditionnelle, ici l’acte théâtral,
ailleurs l’écriture ou la musique – loin de l’extase technique : croire
que la dernière génération de portables suffise pour se transformer en
cinéaste. Technologies qui pixellisent, numérisent la parole en liberté
pour des millions des gens, à la barbe du pouvoir. Le film s’achève au
moment où la protagoniste découvre le «peuple» qui veut entrer dans la
salle où elle se produit. Des femmes et des hommes réels échappés à
l’audimat, saisis par une «vérité» qui a trouvé son support.
md
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