Comme la plupart des régions urbaines de Suisse, l’agglomération
lausannoise vit depuis cinq ans un manque généralisé d’appartements.
Elle ne compte que 0,4% de logements vacants, soit nettement moins que
le taux de 1,5% qui définit la pénurie. Un certain rattrapage
s’amorce cependant. Des taux hypothécaires historiquement très bas
stimulent la construction, mais toujours avec retard. Il s’écoule
plusieurs années entre le départ d’un projet et la mise sur le marché
d’un logement.
La pénurie fait grimper les loyers. Dans la logique de la loi actuelle,
les loyers devraient être à la baisse pour suivre celle des taux
hypothécaire. C’est exactement le contraire qui se produit. Alors que
les taux hypothécaires ont baissé de 5,5 à 3% depuis 1995, l’indice des
loyers a augmenté de 12%. La loi protège les locataires contre les
hausses abusives pendant la durée du bail. Mais les majorations
interviennent à chaque changement de locataire, tout spécialement
lorsqu’il y a pénurie. Il est donc préférable de ne pas déménager. Ceux
qui sont contraints à la mobilité en paient le prix. Un locataire qui
vient d’un autre canton pour s’installer à Lausanne aura un loyer 18%
plus cher que la moyenne. Les familles qui s’agrandissent et doivent
chercher un logement plus spacieux sont également pénalisées.
Poids des subventionnés
Lausanne, ville centre, est tout particulièrement frappée par la
pénurie avec 0,3% de logements vacants. Mais, surprise, les logements y
sont en moyenne meilleur marché que dans la périphérie, le canton et
les quatre autres grandes villes de Suisse.
Prix moyen d’un logement de 3 pièces
Lausanne 945 francs
Périphérie lausannoise 1011 francs
Vaud
1014 francs
Genève (ville) 1094 francs
Zurich (ville) 1122 francs
Pour le SCRIS, la différence entre Lausanne et le reste du canton a une
double cause. Le parc de logements y est plus ancien, donc moins cher ;
la commune encourage la construction d’appartements subventionnés qui
représentent 48% de ceux de l’ensemble du canton. Une politique
volontariste du logement porte donc ses fruits. Si certaines communes à
contribuables modestes – comme Crissier – font des efforts notoires,
les paradis fiscaux sont des déserts absolus d’appartements
subventionnés !
Les « Yougos » à l’étroit
Lorsqu’on a les moyens, on se paie un logement plus vaste. Pas besoin
d’une savante étude pour s’en convaincre. Le SCRIS dresse cependant une
classification en fonction de la nationalité et de la dimension d’un
appartement qui ne manque pas de sel. Les Suisses se logent plus
spacieusement que les étrangers. Mais les nuances sont de taille.
Surface du logement par personne
Suisses 44 m2
Etrangers 31 m2
dont
Américains 49 m2
Français 41 m2
Italiens 34 m2
Ex-Yougoslaves 19 m2
L’intégration progressive des étrangers se lit dans la surface du
logement. Les Italiens, premiers immigrants, ont gagné 9,5 mètres
par personne depuis 1980. Ils se rapprochent du confort des Suisses.
L’étude du SCRIS fournit en outre des statistiques détaillées sur les
logements construits, la mixité de l’habitat, la dimension des
logements par commune, l’importance des rénovations, l’augmentation de
la surface des appartements, du nombre des propriétaires de leurs
logements, et une foule d’autres données utiles aux promoteurs et aux
responsables de l’aménagement du territoire. L’agglomération
lausannoise compte la moitié du parc immobilier du canton. Mais les
besoins augmentent. Si les logements manquent, l’espace constructible
est suffisant. Le réaménagement de l’espace industriel obsolète du
secteur intercommunal Bussigny-Sébeillon pourrait accueillir 30 000
habitants proches des transports en commun. La maîtrise de la pénurie
est donc possible.
Commande de l’étude : www.scris-vd.ch
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