une date : 2013. Dans huit ans tous les pays devront avoir supprimé
leurs subventions aux exportations agricoles. Cet engagement clair est
un grand succès pour les pays émergents gros producteurs agricoles. Les
règles du jeu du commerce international ne sont plus dictées par les
seuls pays industriels riches de la planète. Les nouveaux arrivants ont
des atouts incontournables. En pleine croissance, ils représentent un
débouché très prisé des entreprises européennes et américaines. Ils
peuvent offrir l’ouverture de leur marché en échange d’avantages
équivalents pour l’écoulement de leurs produits agricoles. Pour accéder
aux nouveaux marchés prometteurs, l’Union européenne et les Etats-Unis
ont donc accepté de supprimer les aides massives à leurs exportations
agricoles. Cette concession, valable pour tous les pays, ne touche
guère la Suisse. Elle n’exporte pratiquement que vers l’Europe en
vertus d’accords bilatéraux qui échappent aux règles de l’OMC.
Les pauvres en rade
Le cycle de négociations en cours devait être celui du développement du
tiers monde. Il devait consacrer une réforme du commerce mondial en
faveur des oubliés de la prospérité. Mais le compte n’y est pas.
Certes, les pays les plus pauvres bénéficieront, par effet collatéral,
de la victoire à Hong-Kong des pays émergents. Privés des aides à
l’exportation, les excédents de céréales ou le lait en poudre des
producteurs riches ne devraient plus perturber les agricultures
traditionnelles. Certes, les pays riches ont accepté de renoncer à
taxer la plupart des produits en provenance des 49 pays les plus
pauvres de la planète. Ce cadeau ne coûte pas grand-chose. Les seuls
produits représentant une quelconque menace – les textiles par exemple
– pourront être exclus de l’arrangement.
Par ailleurs, les revendications pressantes et prioritaires des pays
les plus pauvres n’ont eu aucun succès à Hong-Kong. Les planteurs
africains de coton, ruinés par la concurrence inéquitable des
producteurs américains, sont abandonnés à leur misère. Le soutien
accordé par Washington sera maintenu. Il est considéré comme une aide
interne et non un subside à l’exportation. Les pays subsahariens n’ont
rien obtenu parce qu’ils n’avaient rien à proposer en échange. Leur
marché, comme celui de la plupart des pays pauvres, n’intéresse
personne.
On le sait et on le voit, l’OMC n’est pas une organisation caritative
mais le théâtre d’un froid rapport de force. La Suisse s’en rend
cruellement compte. Elle compte sur les négociations pour mieux
exporter partout dans le monde. Mais elle n’a pas grand-chose à offrir
en contrepartie. Son petit marché, déjà largement ouvert aux produits
industriels, n’a d’intérêt que pour les exportateurs de produits
agricoles. La seule force de la Suisse réside dans l’habileté de ses
négociateurs et dans l’alliance avec le Japon, la Corée et autres pays
champions de l’agriculture protégée. Ce qui n’est pas suffisant. Pour
rester dans la course, le Conseil fédéral est déjà prêt à faire des
concessions qui devraient coûter 2,5 milliards aux agriculteurs. C’est
pourquoi les paysans suisses souhaitaient, sans trop oser le dire, un
échec de la ministérielle de Hong-Kong. Ils sont déçus. Forts de leur
victoire sur la suppression des subsides à l’exportation, les pays
émergents continueront leur pression dans l’étape suivante des
négociations pour réduire massivement les droits de douane. L’année qui
s’ouvre sera celle de tous les dangers pour les agriculteurs suisses.
OMC (Le site de l’organisation mondiale du commerce)
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