Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a donc retiré son
soutien financier à la tournée africaine de la pièce de théâtre N’Dongo
revient, une satire assez lourde des relations de la France avec
l’Afrique noire. «Pour des raisons de politique extérieure» a expliqué
lapidairement le porte-parole de Micheline Calmy-Rey. Faut-il pour
autant crier au scandale ?
Cette affaire met en lumière le caractère chimérique des ambitions
politico-culturelles de la responsable du DFAE : mettre l’art au
service des objectifs de la politique étrangère. Même si certains de
ces objectifs sont nobles, comme le renforcement des droits humains et
de la démocratie dans le monde, l’instrumentalisation de l’art ne peut
que conduire à des impasses. L’expression artistique implique une
liberté incompatible avec la conduite de relations diplomatiques. On ne
peut simultanément louer la bonne entente entre notre pays et son grand
voisin et soutenir une production théâtrale qui dépeint au vitriol la
politique africaine de ce voisin, même si cette politique ne mérite pas
mieux. Ou alors, le cas échéant, il faut exprimer directement nos
critiques, comme Samuel Schmid à Tunis. Que l’Etat encourage la
création culturelle, mais qu’il se garde d’en utiliser les retombées
pour ses propres objectifs.
jd
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