L’information est anodine, mais elle en dit beaucoup sur les évolutions
de l’armée suisse. Un exercice international d’état-major du nom de
Viking 05 va mobiliser 170 militaires suisses à Lucerne dans un
exercice international de promotion de la paix. Rien de bien nouveau,
ni de très excitant en apparence. Mais le commandant de l’exercice sera
un colonel suédois. Un état-major croate à Zagreb sera placé sous la
responsabilité suisse. Simultanément, une trentaine de Suisses
participeront à l’exercice en Suède. Globalement, plus de 2000
militaires seront engagés dans toute l’Europe : des Français, des
Irlandais, des Allemands, des Ukrainiens et des Slovènes entre autres.
pays imaginaire, suivi par la mise en place d’une force d’intervention
internationale. Inutile de préciser que l’anglais est la langue de
travail et que les informations disponibles en Suisse sont en allemand.
Le site Internet suisse de l’opération indique que pour répondre à ce
type de crise, une excellente coopération avec l’OTAN est
indispensable, étant entendu que c’est l’alliance atlantique qui serait
le responsable de ce genre d’opération dans la réalité.
La participation à ce type d’exercice est présentée comme ordinaire et
montre que notre état-major est désormais bien au-delà d’Armée XXI.
Nulle référence à la neutralité suisse dans les informations
distribuées. Le rôle leader de l’OTAN semble aller de soi. D’ailleurs,
un des buts de l’exercice côté suisse est de se familiariser avec les
procédures et la terminologie de l’OTAN. Il n’est même pas mentionné
d’ailleurs que la participation de la Suisse à une force de maintien de
la paix implique que celle-ci ait l’aval du Conseil de sécurité de
l’ONU. Il est vrai qu’il s’agit d’un exercice entre militaires, ce qui
présuppose sans doute que les décisions politiques ont déjà été prises.
En fait, l’écart est aujourd’hui considérable entre la réalité du
travail de nos militaires professionnels et le langage précautionneux
du monde politique et de Samuel Schmid. L’opinion, sans doute mieux
disposée à l’égard de l’armée que ce que l’on imagine, est également
sous-informée. La prépondérance parfois exclusive de l’allemand dans
les informations transmises par le DDPS coupe encore davantage la
population romande de la réalité des tâches réelles de l’armée. Cet
écart ne cesse de grandir, mais l’équilibrisme du Conseil fédéral
autour de la neutralité et la langue de bois qui l’accompagne, ainsi
que le désintérêt des médias romands pour la chose militaire, ne
facilitent évidemment pas une meilleure appréhension de notre politique
de défense.
Viking05 (site en allemand )
Annonce de l’opération Viking05 (communiqué de l’administration fédérale )
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