vaches attaquées par la maladie de la vache folle, des millions
d’animaux éliminés, et une augmentation inquiétante d’humains frappés
par une variante nouvelle de la maladie de Creutzfeld-Jacob, aux
symptômes similaires. L’agent qui cause l’affection n’est pas un virus,
mais une protéine anormalement conformée, le prion, qui peut par
cascade déformer les autres protéines du neurone pour le détruire. Si
l’on sait aujourd’hui ces choses si simples, c’est essentiellement
grâce aux souris transgéniques. Les plus importantes furent produites à
l’université de Zurich, en particulier la souris dont le gène pour la
protéine prion avait été inactivé et qui a permis de comprendre le mode
de propagation, les cibles, le mode d’infection du prion. Aujourd’hui
la société biotech zurichoise Prionics commercialise le meilleur kit de
détection de la maladie de la vache folle ; c’est un des gros succès du
transfert de technologie, de la souris transgénique au marché et à la
protection de la santé.
Un trésor frétillant
Les souris transgéniques se sont banalisées. On est loin de la souris
brevetée qui aurait répondu à toute question sur le développement du
cancer, comme l’épisode de l’Oncomouse® le faisait craindre.
Aujourd’hui les souris transgéniques répondent chacune à une question
très précise. Ce qui n’est pas banalisé par contre, c’est leur
production, longue et coûteuse. Elles constituent pour une équipe de
recherche un trésor crucial qui s’échange avec d’autres ; seules les
équipes de recherche capables d’assurer ce service seront reconnues
internationalement.
Il arrive que le trait modifié rende la souris très fragile et qu’elle
meure avant l’âge de reproduction ; on doit alors conserver les souris
porteuses mais non malades, et le nombre de cages à maintenir, pour une
mutation, peut donc exploser.
Ce qui a aussi explosé, c’est le coût de ces animaux. Les animaleries
ont été professionnalisées et le contrôle par les vétérinaires est
effectif et continu. Le coût de chaque animal est aujourd’hui facturé
au chercheur. A l’université de Zurich, par exemple, le coût des
animaux correspond à 60% des ressources ordinaires en sciences de la
vie reçues par le département. La pression budgétaire est constante,
car il faut choisir entre matériel, personnel et animaux. Et il n’y a
pas trop de ces derniers aujourd’hui dans les animaleries des
universités suisses.
Animaux indispensables, animaux coûteux, voilà les conditions cadre ;
une faculté sans animalerie courra le risque de l’insignifiance.
Société vaudoise pour la protection des animaux (Référendum contre une nouvelle animalerie à l’Université de Lausanne)
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