Le professeur Laurent Moreillon quitte la Commission fédérale de la
consommation. Il est déçu. Les recommandations de la commission qu’il
préside ne sont guère écoutées. economiesuisse saisit l’occasion pour
suggérer la suppression pure et simple d’un organe inutile. Ces propos
font bondir Véronique Matthey qui représente la Fédération romande des
consommateurs (FRC) au sein de ladite commission. C’est le seul lieu où
les consommateurs peuvent faire entendre leur voix. Ils y détiennent un
tiers des sièges, l’économie un autre tiers. Les milieux scientifiques,
juristes, économistes ou chimistes cantonaux, occupent les autres
postes. La commission cherche à concilier les intérêts souvent
divergents et fait des recommandations, notamment pour l’élaboration
des lois. Ce rôle est utile au travail du Conseil fédéral. Pour
Véronique Matthey, le malaise autour de la commission n’est pas dû à
son manque d’efficacité. C’est le reflet du climat politique
conflictuel qui règne aujourd’hui. Les milieux économiques pratiquent
de plus en plus souvent la politique de la chaise vide. En suggérant la
dissolution d’une commission qui ne coûte à la Confédération que 33 000
francs par année, les milieux économiques veulent simplement éliminer
une voix qui n’est pas forcément en harmonie avec leur politique.
Des lacunes importantes
Le président Laurent Moreillon juge que la modification de la loi sur
la protection et l’information des consommateurs mise en consultation
cet été n’est que le pâle reflet du texte recommandé par la commission.
C’est une des causes de sa démission. La FRC est moins pessimiste. Le
projet prévoit notamment une nette amélioration de l’information sur
les produits. La loi sur les denrées alimentaires est très précise à ce
sujet. Mais les lacunes sont très importantes dans le secteur non
alimentaire et notamment sur les offres de loisirs et de voyages. Elles
seront comblées si le projet est adopté. La commission alerte
régulièrement le Conseil fédéral sur des objets les plus divers :
opacité des prix chez les dentistes, proliférations des pourriels
(spam), surendettement des jeunes. Ces recommandations ne sont pas sans
effet.
Touche pas à ma commission! conclut donc la FRC . L’intérêt des
consommateurs ne doit pas faire les frais de la polarisation
grandissante de la politique suisse, la même polarisation qui pousse
l’UDC à réclamer la suppression de la Commission fédérale contre le
racisme. at
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!