les résultats électoraux genevois peuvent donner à l’observateur
extérieur une impression de séisme politique, c’est la faute au quorum
qui ferme la porte du Grand Conseil aux formations n’obtenant pas au
moins 7% des suffrages. Mais le rapport des forces exprimé en voix ne
subit pas de profonds bouleversements. L’érosion de tous les partis
gouvernementaux permet l’émergence d’un mouvement né il y a à peine
trois mois, le «Mouvement Citoyens genevois». Il faut voir là
l’expression typique de l’extrême centre, ni gauche ni droite,
patriotique et social, opposé à l’ouverture vers l’étranger mais prêt à
défendre les acquis de la fonction publique. Donc à ne pas confondre
avec l’UDC. A cet égard les Genevois restent fidèles à eux-mêmes, eux
qui, en période difficile, ont toujours été séduits par le vote de
protestation en faveur des extrêmes : en 1985, Vigilance devenait le
premier parti du canton, comme l’avait été le parti du travail dans
l’immédiat après-guerre.
Reste que la législature sera marquée par la répartition des sièges au
Grand Conseil. Dans une logique de bipolarisation, la gauche sort
affaiblie de ce scrutin. Mais verts et socialistes, libérés du carcan
idéologique et de la posture autiste de l’Alternative, pourraient
obtenir des résultats plus substantiels que dans la précédente
législature. A condition qu’ils manifestent une volonté de compromis.
Et que les partis bourgeois, en premier lieu les démocrates-chrétiens
et les radicaux, ne choisissent pas de perpétuer la bipolarisation en
faisant cause commune avec l’UDC.
Ces élections, parce qu’elles n’ont pas désigné une nette majorité,
ouvrent la possibilité à des majorités de raison de résoudre les
problèmes urgents de la République : pénurie de logements, déséquilibre
des finances, traitement efficace du chômage, lourdeurs administratives
notamment. Sans quoi, dans quatre ans les extrêmes, alternativement ou
conjointement, récolteront les dividendes, et radicaux et
démocrates-chrétiens pourraient bien disparaître de l’échiquier
politique. Pour le plus grand malheur du canton. jd
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