Pas de question plus centrale que celle du temps de travail. Elle est
au cœur de la réflexion théorique et de l’action pratique socialiste.
Karl Marx définissait la plus-value, fondatrice du capital, par les
heures exigées en plus de celles nécessaires à l’entretien de la force
de travail. Plus concrètement, les journées de onze heures étaient si
lourdes physiquement que la réduction du temps de travail s’est imposée
progressivement comme une revendication de santé et de survie. Quel
chemin parcouru !
Aujourd’hui, après plus d’un siècle de lutte syndicale, la réduction du
temps travaillé semble se stabiliser autour de quarante heures, d’un
minimum de quatre semaines de vacances et d’une retraite à 65 ans. La
diminution de la période active, au-delà de ces seuils, se heurte à la
nécessité de financer des périodes non actives toujours plus longues,
donc coûteuses, soit celles de la formation et de la retraite.
La revendication du temps libre peut prendre dès lors de nouvelles
formes. Domaine Public a souligné l’intérêt du temps libre épargné et
capitalisable. Il correspond à du travail supplémentaire, payable en
temps libre, ou à un congé dit sabbatique, qui permet de disposer, une
ou deux fois dans sa vie, d’assez de champ pour réaliser un progrès
d’envergure, professionnel ou personnel. Des dispositifs de ce type ont
été mis en place en France, au Danemark, en Suisse. A ce jour, le
succès est médiocre, mais l’action doit être poursuivie.
L’autre piste essentielle est le congé formation. Si les salariés
veulent revendiquer la responsabilité de la gestion paritaire, par
exemple celle du second pilier ou d’autres assurances sociales, ils
doivent pouvoir compter sur des représentants compétents, donc
préparés. Cette formation, les congés qu’elle implique et le
remboursement des frais qu’elle entraîne, devront être considérés comme
un droit. Et pour cela il sera nécessaire qu’une loi garantisse ce
congé de formation et en répartisse les frais sur les branches
économiques concernées.
Après la conquête du temps du loisir et de la retraite vient la lutte
pour le temps de la participation, de la désaliénation, ou de
l’accomplissement personnel. C’est, pour Domaine Public, depuis
longtemps, un thème primordial. It’s a long way.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!