Zurich, l’Unique métropole économique de la Suisse, a été traumatisée par la déconfiture de notre compagnie nationale. Le choc a été assez violent pour remettre en question le rôle de l’Etat dans la prévention des crises économiques. Le seco (Secrétariat d’Etat à l’économie), de savantes études universitaires à l’appui, répond sans ambiguïté : toute intervention de soutien, toute réglementation publique retarde les adaptations dictées par le marché et les mutations technologiques. Les entreprises doivent librement vivre et mourir. La destruction des structures dépassées est créatrice d’une nouvelle prospérité. L’histoire économique de la Suisse apporte de l’eau au moulin de cette thèse. Mais des nuances s’imposent pour tempérer un libéralisme aussi péremptoire.
Avec Simonetta Sommaruga et Rudolf Strahm (cf. pages 4 et 5), on conviendra facilement que l’Etat ne doit pas s’épuiser à soutenir les canards boiteux de l’économie. D’accord également pour constater que l’organisation quasi soviétique du marché du fromage a généré piètre qualité, mévente, surproduction et explosion des subventions publiques. D’accord encore pour affirmer que la réglementation de l’horlogerie des années trente a maintenu des structures mal adaptées qui ont failli tuer cette industrie à l’arrivée de la montre à quartz. La branche n’a pas dû sa survie à une intervention de l’Etat, mais à l’action novatrice de quelques patrons, le plus connu étant Nicolas Hayek. D’accord toujours pour conclure que les commandes de l’armée et des CFF n’ont pas réussi à faire survivre les camions Saurer ou la construction de véhicules ferroviaires en Suisse.
Le seco, par avis d’experts interposé, déplore que la Suisse s’aligne tardivement à l’ouverture des marchés européens. Une réglementation trop restrictive et une fiscalité trop lourde des fonds de placements ont provoqué un exode vers le Luxembourg. Le frein à la libéralisation aurait empêché la Suisse de devenir, au centre de l’Europe, une véritable bourse d’échange de l’électricité. Faut-il donc déplorer la non-adhésion de la Suisse à l’Europe ? Non, répond le seco.
Les entreprises n’ont pas, semble-t-il, de difficulté sur le marché de l’Union européenne. En revanche, la Suisse devrait unilatéralement éliminer tous les obstacles à l’activité des entreprises étrangères sur son sol. Une concurrence accrue augmenterait l’efficacité des secteurs encore trop orientée sur un marché intérieur protégé. Le secteur des services dont l’importance va croissante doit tout particulièrement gagner en efficacité par l’ouverture à la concurrence et la déréglementation étatique. Pour le seco, aucun secteur ne devrait échapper à ce vent libéral : l’agriculture et les services postaux bien sûr, mais aussi la santé et l’éducation.
Cette liste, non exhaustive, publiée sans commentaire sur le site du seco est surprenante. Elle est en parfaite contradiction avec les engagements pris par Joseph Deiss et ses hauts fonctionnaires qui excluent la santé et l’enseignement public des négociations sur la libéralisation des services à l’OMC.
Les interventions de l’Etat pour le soutien aux régions économiquement menacées ne convainquent pas le seco. Les effets de l’arrêté Bonny, que Berne entend démanteler, seraient proches de zéro. Les efforts de promotion économique des cantons ne sont pas épargnés, eux non plus, par ce scepticisme. Les cantons menant une politique volontariste n’enregistrent pas de performances mesurables de leur taux de croissance.
Pas de miracle donc. Mais l’étude ne se demande pas quel aurait été le recul de l’économie neuchâteloise si, réveillé par la crise horlogère, le canton n’avait pas mené une vigoureuse politique de repeuplement industriel. at
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