Le Conseil fédéral fait preuve de courage. Il propose de tourner définitivement le dos aux mesures qui, depuis bientôt cinquante ans, contrôlent l’achat d’immeubles par les étrangers. La question a été pendant des décennies l’enjeu de controverses passionnées sur le «bradage du sol national» Une tentative, il y a dix ans, d’assouplir le mécanisme de contrôle a été rejetée par le peuple. En proposant aujourd’hui la suppression pure et simple de la loi sur l’acquisition d’immeubles par des personnes à l’étranger, le Conseil fédéral prend le risque de rallumer les passions nationalistes. Mais le risque est limité. Car la situation politique et économique a bien changé.
Politiquement, les nationalistes et les xénophobes qui leur sont proches ont suffisamment d’autres thèmes pour mobiliser leurs troupes. L’asile, Schengen et la concurrence des travailleurs de l’Est allument plus facilement le rejet de l’étranger. Economiquement, la menace d’une mainmise étrangère sur l’immobilier n’est plus qu’une chimère. Elle n’a jamais existé ailleurs que dans quelques régions touristiques. L’afflux massif de capitaux italiens, allemands et français cherchant refuge en Suisse a incontestablement contribué à la prolifération des logements de vacances désespérément vides plus de onze mois par année. Mais cette pression a depuis longtemps cessé.
La plaie des lits froids continue cependant de blesser nos régions touristiques. Le Conseil fédéral ne peut évidemment pas l’ignorer. Il propose donc de s’en prendre directement à ce vrai problème, mais sans référence à l’emprise étrangère sur le sol. L’origine de l’acheteur d’un logement de vacances importe peu. Un logement acquis en Valais par un Genevois ou un Zurichois est aussi froid que celui d’un Italien ! Des règles sur l’aménagement du territoire devraient maîtriser le nombre de ces lits inoccupés, en fixant, par région, une proportion entre demeures principales et secondaires. Reste, bien sûr, à trouver la bonne mesure et à la faire accepter par les cantons touristiques. C’est ici que le gouvernement doit faire preuve de courage. at
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