Le vieux continent vieillit. Un bureau d’étude autrichien (Internales Institut für Angewandte Systemanalyse, Laxembourg bei Wien) relève le nombre grandissant de personnes âgées dans l’ensemble de l’Europe occidentale. La baisse de la natalité est la principale responsable de ce profond changement démographique. En Autriche, 12% des couples de la génération des années quarante sont sans enfant. La proportion monte à 21% pour les soixante-huitards. Par ailleurs, les femmes qui travaillent ont une première grossesse beaucoup plus tardive. Pour des raisons purement biologiques, le premier enfant est souvent le seul. L’allongement de la durée de vie fait le reste.
Le vieillissement de la population varie fortement d’une région à l’autre. Il est particulièrement marqué dans le centre de la France, de l’Espagne et dans une grande partie de l’Italie. Les plus de 65 ans représentent 20% à 25% de la population. Les régions rurales sont frappées de plein fouet. Les jeunes vont chercher fortune à la ville. En Italie et en Espagne, seules les régions de l’extrême sud échappent encore à l’exode rural. Finis les clichés sur les catholiques méditerranéens prolifiques. Les pays du nord sont plus jeunes. En Irlande, aux Pays-Bas, au Danemark, au nord de l’Allemagne ou en Norvège, les plus de 65 ans ne dépassent pas 15%. C’est le cas aussi pour les pays de l’ex- bloc soviétique.
La Suisse, dans la moyenne européenne, fait mieux que ses voisins du sud. Elle compte 15,5% de personnes au-delà de 65 ans. Quatre cantons dépassent clairement la moyenne nationale et comptent entre 18 et 20% de personnes âgées. Ces différences proviennent avant tout des migrations. Les cantons «vieux» sont ceux qui accueillent le moins d’étrangers. Le Tessin fait sans doute exception. L’immigration n’est pas faible. Mais le sud du Gothard est le paradis de retraités alémaniques !
Le bon résultat de la Suisse s’explique essentiellement par l’immigration. Les nouveaux venus sont en général jeunes et ont tendance à faire plus d’enfant. L’excédent migratoire qui était proche de zéro en 1967, à la fin de la grande récession, a constamment progressé pour atteindre 50 000 personnes l’an passé. Les couples étrangers sont nettement plus fertiles que les couples suisses. En 2002 le nombre des naissances a dépassé de 10 600 celui des décès. Cet «excédent naturel» provient de la population étrangère. Les Suisses sont, quant à eux, plus nombreux à mourir qu’à naître.
Le vieillissement de la population soulève un débat passionné sur l’équilibre financier de l’AVS. On pourrait souhaiter que chaque parti, à commencer par l’UDC, tienne compte de l’étroite corrélation entre la politique migratoire, l’assurance maternité et la santé de nos caisses de retraite.
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