Avant l’entrée en force du moratoire de trois ans sur l’ouverture d’un cabinet1, les internes des hôpitaux menacent de faire grève. C’est la réponse collective. La riposte est aussi individuelle. Le nombre des demandes d’ouvertures d’un cabinet médical explose. Selon le Tages Anzeiger, le canton de Zurich a enregistré cent requêtes la semaine passée. Il y en a quatre par semaine en temps normal. La ruée est similaire pour l’ensemble de la Suisse. L’association des caisses maladie «santésuisse» a reçu cinquante-cinq demandes d’enregistrement de nouveaux médecins indépendants pour la seule journée du jeudi 13 juin.
Concurrence entravée
Les médecins établis n’ont évidemment pas la même fièvre. Le gel des nouveaux cabinets écarte, pour un temps, de nouveaux concurrents. Le président de la société des médecins suisses FMH, Hans Heinrich Brunner, est contraint de marcher sur des œufs. Il juge, bien sûr, absurde de former des médecins et de leur interdire d’exercer. Mais, fataliste, il craint que le moratoire soit politiquement inévitable. Les accords bilatéraux permettent la libre installation en Suisse de médecins européens. Les praticiens suisses craignent cette concurrence.
L’explosion des coûts
Pour leur part, les caisses maladie ainsi que les responsables de la politique de la santé à Berne et dans les cantons ont peur d’une explosion des coûts. La seule manière d’éviter un trop grand nombre d’ouvertures de cabinets, sans courir le reproche de discrimination, c’est le moratoire pour tous, suisses et étrangers.
Hans Heinrich Brunner esquisse d’autres réponses pour enrayer les coûts liés à la progression du nombre des médecins. Contre l’avis majoritaire de son association, le président de la FMH accepte l’idée de lever l’obligation faite aux caisses maladie d’accepter de rembourser tous les médecins. La FMH devrait collaborer avec «santésuisse» pour écarter les profiteurs qui gonflent leurs factures d’honoraires.
Mesures controversées
La retraite obligatoire des médecins à soixante-cinq ans serait évidemment préférable à l’interdiction faite aux jeunes de pratiquer. Il faudrait créer une base légale, ce qui prend du temps. Le numerus clausus pour l’entrée en faculté de médecine serait également plus judicieux qu’un blocage en fin d’études. Mais, libre circulation oblige, une telle mesure devrait être prise au niveau européen. Dans l’attente on cloue au sol les jeunes médecins. at
1 DP 1 520 du 14 juin
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!