La naturalisation facilitée proposée par le Conseil fédéral est plus généreuse que prévu. L’octroi automatique du passeport suisse aux enfants de la troisième génération est une mesure minimale de bon sens. La naturalisation sur simple demande des jeunes ayant fait l’essentiel de leur scolarité en Suisse est une avancée plus substantielle. Cette proposition, qui part en consultation, sera un test de vérité pour tous les adversaires de l’octroi du droit de vote aux étrangers.
En adoptant leur nouvelle Constitution, les Neuchâtelois viennent de donner aux étrangers le droit de vote au niveau cantonal. Les Genevois se prononceront dans un mois pour les droits politiques des étrangers au niveau communal. L’objet sera l’un des enjeux majeurs de la révision totale de la Constitution vaudoise. Il en sera probablement de même à Fribourg. Partout où il est ouvert, le débat sur l’octroi des droits politiques aux étrangers se déroule selon un schéma classique. Les adversaires reconnaissent qu’il est certes gênant de voir des étrangers largement assimilés être privés du droit de vote. Mais ils entendent corriger la situation par une naturalisation facilitée. Leur adhésion au projet fédéral confirmera la crédibilité de leurs propos.
Les partisans, pour leur part, refusent de confondre deux débats. Le droit de vote des étrangers résidant durablement en Suisse n’est qu’un pas supplémentaire vers le suffrage universel. D’abord lié à la fortune, le droit de vote a été octroyé à tous les hommes riches ou pauvres, puis aux femmes. La maturité politique a été abaissée à dix-huit ans. Il appartient aujourd’hui de la reconnaître aux étrangers. Ils vivent ici et sont soumis aux mêmes obligations que les Suisses. Ils doivent avoir les mêmes droits de se prononcer sur les décisions politiques qui les concernent. La naturalisation, en revanche, touche à l’identité, aux racines de l’individu. On peut être totalement intégré en Suisse et renoncer à la naturalisation pour rester attaché à ses origines. Aucune facilité dans l’acquisition de la nationalité ne changera la nature du débat. Le droit de vote ne doit pas dépendre de la couleur du passeport. at
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