Les élections vaudoises du week-end dernier ont donné des résultats étonnants. Le score des candidats de gauche en particulier mérite réflexion.
La droite, bien sûr, arrivait aux élections avec un bilan catastrophique. La sanction était inévitable. Les coups de crayon entre radicaux, UDC et libéraux pendant le deuxième tour, une campagne molle expliquent aussi le piètre résultat du centre-droite et l’éviction, publiquement souhaitée par certains radicaux, de la libérale Claudine Amstein.
Mais la victoire de la gauche ne s’explique pas seulement par les divisions de la droite. Philippe Biéler, un homme de l’équilibre et de la mesure, a été plébiscité sans surprise. Mais les deux candidats socialistes, Pierre Chiffelle et Anne-Catherine Lyon partaient tous deux avec des handicaps. Le premier s’est distingué par des positions, iconoclastes dans le canton de Vaud, sur la consommation de cannabis. Son tempérament frondeur ne faisait pas de lui un candidat typique du sérail politique. Anne-Catherine Lyon l’était encore moins. Figure de Renaissance Suisse Europe avant d’adhérer au parti socialiste, elle s’engage depuis longtemps pour des réformes institutionnelles qui sont loin d’être populaires : fusion de communes et de cantons (Vaud-Genève) ou taux unique Ð au vu de ces positions, le manque de combativité de la droite à son égard ne s’explique d’ailleurs que par une sous-estimation totale de ses potentialités électorales. Mais les deux candidats socialistes ont organisé une campagne remarquable. Heureux hasard du calendrier, Pierre Chiffelle a eu l’occasion de se distinguer à la tribune du Conseil national ; Anne-Catherine Lyon s’est lancée dans la bataille comme dans un de ces marathons qu’elle affectionne. Course de fond dans tout le canton, mise sur pied d’un « staff » efficace, concentration sur l’objectif final, plaisir décuplé dans l’effort.
Mais c’est surtout la politique menée par le PSV durant ces quatre ans qui a permis d’élargir ses bases électorales (par exemple dans le district d’Oron ou à Moudon, bastions de la droite). Le parti socialiste, en s’opposant à la privatisation de la BCV, a convaincu un nouvel électorat, attaché au tissu économique local, à l’agriculture vaudoise et aux institutions cantonales. Il a su ainsi consolider le vote urbain déjà acquis et capitaliser en suffrages l’effort de proximité entrepris dans les campagnes. gs
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