Tout va bien grâce à la globalisation , semble dire le dossier spécial de La Vie économique. En cherchant bien, on peut y trouver quelques modestes bémols et timides critiques.
La Suisse a lâché le Forum économique mondial de Davos. Pour se consoler, La Vie économique, la revue mensuelle du Secrétariat d’Etat à lÔéconomie publie un numéro spécial sur la mondialisation1. Préfacée par Pascal Couchepin, La Vie économique fait l’inventaire des enjeux actuels. A qui profite une économie libéralisée, quelles doivent en être les règles, quels effets la croissance a-t-elle sur l’environnement, comment concilier économie et droits de l’homme ?
Et pour que les « diverses allégations soient confrontées aux faits », en particulier celles qui viennent des organisations anti-OMC, les hauts fonctionnaires du Secrétariat à l’économie ont enquêté. Ils concluent, dans un plaidoyer en faveur de la globalisation, que « l’on peut dire sans exagérer qu’une politique extérieure libérale Ð autrement dit décider de participer à la globalisation Ð est la façon la plus efficace pour un pays en développement de faire accroître le revenu par habitant ». Et de citer en exemple l’Inde, le Mexique et l’Argentine (!) qui ont su sortir du protectionnisme étatique, s’ouvrir au commerce mondial et compenser les risques sociaux par des mesures d’accompagnement adéquates. Selon les économistes du SECO, la globalisation permet non seulement aux plus pauvres des pays pauvres de s’enrichir, mais de facto à lutter pour une plus grande qualité de l’environnement. De plus, il est faux de penser que les multinationales nuisent aux pays en voie de développement. Au contraire, grâce à leur savoir-faire, elles contribuent à la croissance de l’économie, créent davantage de valeur ajoutée et d’emplois que les entreprises nationales et paient mieux leurs employés.
Cette profession de foi est confirmée par une série d’articles savants écrits par des chercheurs et des fonctionnaires de la banque mondiale ou de l’OMC qui tous reproduisent la même équation : la globalisation amène la croissance, la croissance amène le bien-être, le bien-être garantit le respect de l’environnement, des travailleurs et des droits de l’Homme. Il faut attendre la page 60 pour pouvoir lire l’esquisse d’un débat, précisément entre Heinz Hauser, professeur à l’Université de Saint-Gall, par ailleurs co-auteur du fameux Livre blanc et Richard Gerster, journaliste indépendant. Celui-ci revient sur l’échec du programme de l’Uruguay Round. Il évoque l’émergence du protectionnisme privé alors que disparaissent progressivement les protectionnismes publics. Gerster rappelle que les taux de croissance des périodes interventionnistes (de 1960 à 1980) sont supérieurs aux périodes des années nonante. Enfin, il réfute l’idée que les succès remportés par les pays asiatiques sont le fruit de la globalisation. Bref, l’exercice critique reste à faire. gs
1La Vie économique, «la globalisation : critiques et réalités », 1-2002.
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