Le Tribunal de police de Montbenon, à Lausanne, a rendu son verdict. Une ancienne assistante de l’Université de Lausanne qui avait porté plainte contre son professeur pour harcèlement sexuel comparaissait pour dénonciation calomnieuse ; mardi dernier, le juge l’a déclarée non coupable. L’affaire se clôt donc après quatre ans de procédures qui a vu un accusé blanchi des soupçons de harcèlement sexuel qui pesait contre lui et une plaignante poursuivie d’office par la justice pour dénonciation calomnieuse alors que le professeur avait lui-même retiré sa plainte.
Hors tribunal, les problèmes ne sont pas résolus pour autant. Problèmes que le juge lui-même a relevés lors de ses conclusions. Si, dans ce cas particulier, les non-lieux successifs n’ont pu établir qu’il y avait exploitation de la dépendance, le juge n’a pas manqué de relever le réel lien de dépendance, qui existe entre un professeur et un ou une assistante; les procédures d’engagement, l’absence de cahiers des charges, le poids des hiérarchies favorisent la précarité du statut de l’assistant. De plus, l’Université qui est un des employeurs les importants du canton ne s’est toujours pas dotée, quatre ans après cette affaire, de structures adéquates permettant de traiter les plaintes, d’analyser en profondeur les dossiers, de régler les problèmes en tenant compte des droits de chacun. Les récentes affaires de mobbing qui ont secoué le monde académique ont montré à l’envi, que l’Université semble confondre la défense de l’institution avec celle de ses professeurs.
Enfin, on peut véritablement s’interroger sur les objectifs de la justice qui a décidé de poursuivre d’office une personne portant plainte contre harcèlement sexuel, alors que la plainte contre elle avait été retirée. Ce procès créait un précédent. Souhaitons que le verdict rendu mardi à Montbenon donne un signal clair : la dénonciation pour diffamation ne doit pas devenir un outil de dissuasion pour empêcher les femmes de s’adresser à la justice. gs
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