La mort de la jeune compagnie romande SWA a fait les titres de tous les journaux de Suisse romande la semaine dernière. On se penche avec tristesse sur les emplois supprimés, on se désespère de l’argent du contribuable englouti dans l’aventure, on s’interroge sur le sérieux de l’entreprise. Et, cerise sur le gâteau, on met en garde contre les méfaits de l’enthousiasme et de l’émotion, qui menaceraient la rationalité économique.
Dans Le Temps, Ignace Jeannerat ajoute « dans le cas SWA, le climat propagandiste créé était devenu à ce point hystérique que tout dirigeant sollicité pour mettre au pot passait pour un opposant à Genève s’il hésitait » (jeudi 3 décembre 1998). Dans ce concert de reproches et de lamentations, la presse de Suisse romande aurait pourtant l’occasion de faire un peu d’autocritique. La leçon du ratage SWA vaut tout autant pour les collectivités publiques que pour les médias romands. Leur engagement militant en faveur de Cointrin a joué un rôle considérable dans la création, à la va-vite, de la compagnie SWA, entraînant dans leur sillage pouvoirs publics et personnalités politiques, ravies de trouver là, opportunément, une tribune. Peu d’informations, peu d’analyse, mais un parti pris quasi unanime, bâti sur l’émotion et le ressentiment anti-alémanique. Dans cette affaire, les médias se sont autoproclamés porte-parole du public romand, allant même jusqu’à essayer, sans succès, de convoquer un vaste rassemblement autour de cette grande idée.
Il est tout de même gênant que deux ans après, ils fustigent un enthousiasme qu’ils ont largement contribué à alimenter. gs
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