Au mois de novembre 1997, les travailleurs de la maçonnerie et du génie civil entamaient le bras de fer avec les patrons en vue de signer la nouvelle convention collective de travail. C’est maintenant chose faite.
Le conflit avait fait la une des médias, le 24 novembre 1997. Ce jour-là quelque 8000 travailleurs de la maçonnerie et du génie civil étaient descendus dans la rue pour protester contre les exigences patronales. Dans le conflit qui les opposait aux patrons pour la signature de la convention collective de travail 1998, les syndicats et les travailleurs étaient même prêts à faire grève pour obtenir un accord qui préserverait les acquis mais améliorerait leurs conditions de travail. Un mois plus tard la convention collective a été signée, mais le titre qui fut publié dans le Nouveau Syndicat au lendemain de la manifestation « Nous pouvons être fiers » est remplacé aujourd’hui par « Un accouchement dans la douleur ».
Le spectre de la crise, les nombreuses faillites dans le secteur de la construction sont les raisons évoquées par les responsables syndicaux pour accepter le compromis patronal. Mais c’est aussi le constat de la faiblesse des forces militantes dans certains cantons qui déterminèrent le cessez-le-feu. Aux délégués romands, amers de baisser si vite les bras, le traumatisme du secteur de la restauration fut souvent évoqué : à trop exiger, on risque de tout perdre, mieux vaut un accord moyennement satisfaisant qu’un vide conventionnel. Comme l’a expliqué Vasco Pedrina, dans le Nouveau Syndicat du mois de décembre 1997 : « Je pense que signer un tel accord dans le secteur le plus sinistré de l’économie, avec un patronat aussi affaibli et divisé, ce n’est pas perdre notre dignité. [ ?] Je suis favorable à ce que nous signions cet accord pour deux ans. Car je ne pense pas que la situation va s’améliorer. Si nous devons renégocier dans 12 mois, il y aura de nouvelles pressions pour détériorer les conditions de travail. Il est par contre possible que dans deux ans la situation se soit améliorée. »
Le conflit qui amena les employés à descendre dans la rue portait essentiellement sur deux points : la flexibilité du temps de travail et les diminutions salariales. Alors que dans le secteur, les délais de livraison sont de plus en plus rapides et les conditions de travail de plus en plus pénibles, les patrons entendaient exiger jusqu’à cinquante heures de travail par semaine, six jours sur sept. ÊDe plus ils proposaient de supprimer une classe salariale, ce qui aurait entraîné une sérieuse baisse de salaire, et d’engager les chômeurs et les jeunes en dessous des salaires minima.
Maintien des acquis
En regard des exigences patronales, l’accord signé par les délégations syndicales dans la nuit du 16 et du 17 décembre limite les dégâts. La CCT 98 n’introduit aucune détérioration pour les salariés ; elle prévoit même quelques petites améliorations :
¥ÊRéduction du temps de travail d’une demi-heure. La moyenne annuelle est de 2130 heures pour les salariés des zones rurales et de 2112 heures pour ceux travaillant en zones urbaines. Ainsi le temps de travail pour les salariés de toutes les régions sera en moyenne limité à 40 h 30.
¥ÊAugmentation du salaire effectif de 30 fr. pour les salariés des zones urbaines.
¥ÊMaintien du système des classes salariales d’après la qualification et la fonction sans baisse de salaire.
¥ÊAugmentation de la flexibilité possible du temps de travail au moyen d’heures flexibles franches de compensation ( 15 heures flexibles par mois au maximum contre 10 prévues dans l’actuel CCT; possibilité d’atteindre 60 heures flexibles par année en 1998 et 75 heures en 1999 ).
La convention a été signée pour trois ans. gs
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