«Le budget de la Confédération, pour cette année, était marqué au fer rouge. Il ne prévoyait pas moins de 7,6 milliards de francs de déficit. Le chiffre effectif devrait tourner autour des 2 milliards. Soit presque quatre fois moins. Une diminution aussi substantielle, sur une si courte période, tient de la prestidigitation. Ce qui nécessite une explication.
Belle démonstration
Il faut toutefois commencer par poser une question. Il est évident qu’avec son déficit annoncé de 7,6 milliards de francs, Kaspar Villiger a joué sur du velours pour faire passer devant le peuple, en juin dernier, son programme d’assainissement des finances fédérales. La situation était décrite comme intolérable, et l’accumulation de déficits mettait en jeu l’avenir du pays. Pas moins.
La Berne fédérale jure aujourd’hui ses grands dieux que rien n’a été caché au peuple. L’amélioration enregistrée provient pour moitié, fait-on valoir, des encaissements nets (2,7 milliards de francs) résultant de l’entrée en Bourse de Swisscom. La belle réponse ! Au début de l’été, on savait évidemment que Swisscom serait partiellement privatisée à l’automne et que le rythme des rentrées fiscales dépassait les prévisions.
Le point le plus important à examiner, dans cette affaire, est cependant ailleurs. Les 2,7 milliards de recettes supplémentaires (en plus du pactole Swisscom) résultent, dit le Département fédéral des finances, de la bonne situation économique. Autrement dit, il aura suffi que les affaires reprennent en 1997 pour que les finances publiques s’améliorent nettement cette année. Belle démonstration de l’impact de la conjoncture sur les budgets ! Belle démonstration aussi que la recherche de l’équilibre financier passe par la croissance de l’économie, beaucoup plus que par des « mesures d’économies [ ?]
Les leçons n’ont pas été tirées
Compte tenu de ces constatations, on pourrait supposer, ou du moins espérer, que les leçons ont été tirées. ça ne paraît pas être le cas : les politiques dites d’Üassainissement Ý ont toujours le vent en poupe. Sans égard pour les risques que le ralentissement de la croissance mondiale pourrait faire connaître à l’économie suisse, en particulier aux emplois ».
Jean-Pierre Ghelfi, in L’événement syndical, 3.11.1998
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